Six mois après, l'onde de choc des Rencontres nationales de la librairie organisées à Lyon en mai dernier se fait toujours sentir. La prise de conscience de la précarité du métier de libraire qu'elle a suscitée commence même à avoir des effets. Alors qu'ils ont à affronter une mutation des supports et des modes de consommation de lecture, sur fond de crise économique grave, les libraires se sentent un peu mieux compris, même par leur clientèle, souvent au fait de leurs difficultés.
Dans ce numéro, plusieurs d'entre eux témoignent de cette solidarité nouvelle qu'expriment les lecteurs, de plus en plus nombreux à conférer à leurs achats dans une librairie indépendante une démarche quasi politique.
Le message est également passé du côté de leurs partenaires commerciaux. Mais, au-delà de la compréhension, les libraires attendaient de ces derniers des mesures concrètes. Editeurs et diffuseurs le savaient et, depuis l'été, la commission commerciale du Syndicat nationale de l'édition n'a pas chômé. Raccourcissements des délais d'échéance pour les retours, augmentation de la remise de base, informations en temps réel et outils de comparaison sur leurs marchés : ces trois principaux axes de travail, bien réels, pourraient même - rêvons un peu - laisser entrevoir une vraie transformation de la relation éditeur-libraire, plus transparente, plus confraternelle.
Avec, comme premier effet, une mise en valeur inattendue des représentants dont on prédisait la disparition à l'arrivée d'Internet. Leur expertise sur la librairie et leur connaissance du terrain les replacent au centre du dispositif et en font les intercesseurs les plus qualifiés entre l'éditeur et le libraire.