Interrogée par Livres Hebdo lors du premier jour du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD), la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak est revenue sur les 50 ans de la manifestation. « Fêter les 50 ans d’Angoulême c’est revenir sur le passé mais aussi se projeter vers le futur. La BD française et le manga français offrent des pépites qui auront, clairement, leur place dans cet avenir là », a-t-elle estimé.
Avant d'ajouter : « Je préfère que les jeunes s’expriment au travers de la BD plutôt que sur les réseaux sociaux, qui peuvent être aussi un superbe espace d’échanges mais biaisé par le cyber harcèlement, le complotisme et les fausses informations ».
Sortant d'une rencontre informelle avec des éditeurs de bande dessinée, la ministre est également revenue sur le succès du pass culture. « Un jeune m’a dit que depuis le pass culture il a développé une “addiction” aux livres, alors je suis vraiment fière de cette mesure que l’on a mis en place », nous a-t-elle indiqué, ajoutant que le pass était devenu « une porte d’entrée, pour beaucoup, dans le milieu de la culture. Cela permet à beaucoup de jeunes de s’y sensibiliser ».
Affaire Vivès : un mélange "regrettable" des sujets
Plus tôt dans la journée, lors d'un point presse donné pour l'ouverture du festival, la ministre de la Culture a dit trouver « légitime » la colère contre l'auteur de bande dessinée Bastien Vivès, accusé de promouvoir la pédopornographie dans certains ouvrages et d'avoir tenu des propos misogynes.
« Il y a eu une réaction légitime contre une attitude qui était inacceptable », a déclaré à la presse la ministre. Une exposition où Bastien Vivès s'apprêtait à afficher des dessins inédits devait se tenir à Angoulême. Mais mi-décembre, alors que des autrices de BD et des associations de lutte contre la pédopornographie clamaient parfois violemment leur hostilité à cet hommage, la direction a annulé à contrecœur cette exposition, évoquant des menaces.
« Bastien Vivès, en tant qu'homme, a eu quand même des propos inacceptables », a souligné Mme Abdul Malak. « Il a pris à la légère des sujets extrêmement graves. Il a eu des propos insultants sur les réseaux sociaux qui sont en eux-mêmes très condamnables. C'est normal, quelque part, que ces propos qu'il a tenus aient provoqué ce tollé, même des années plus tard quand ils ont été ressortis. Parce qu'ils sont inacceptables, il l'a reconnu lui-même », a insisté la ministre.
Pour autant, elle a redit qu'elle aurait préféré voir l'exposition s'ouvrir comme prévu. « La difficulté c'est que ça s'est mélangé avec une exposition que personne n'avait vue (...) On ne saura jamais ce qu'il y avait dedans. Moi je trouve ça regrettable que les sujets se soient mélangés », a-t-elle expliqué.
« Les choses ont eu lieu à un rythme tellement rapide que ce débat, finalement, n'a pas pu se tenir. Mais il continue dans la société. J'aurais été curieuse de voir quels autres dessins il allait présenter dans un cadre comme les 50 ans du Festival d'Angoulême. On ne le saura pas. Mais il a quand même eu une attitude qui n'a pas facilité les choses », a-t-elle conclu.