8 janvier > Littérature Etats-Unis

Aux Etats-Unis, il est d’usage qu’une personnalité éminente vienne faire un discours à la fin de l’année, lors de la remise des diplômes. Cette cérémonie émouvante, Kurt Vonnegut (1922-2007) la considérait comme un "rite de passage", et exercice à quoi il s’est longtemps prêté volontiers. En témoigne le présent recueil, If this isn’t nice, what is ?, concocté par Dan Wakefield, qui fut son ami. Lequel rassemble neuf interventions de Vonnegut, de 1978 (Université de Fredonia, Fredonia, New York) à 2004 (Eastern Washington University, Spokane, Washington). Sept discours "universitaires", plus un devant l’Union pour les libertés civiles de l’Indiana à Indianapolis - Etat et ville natale de l’écrivain, dont il parle sans cesse -, une association "humaniste", c’est-à-dire athée, dont il se revendiquait, et un en remerciement pour la remise d’un prix à Chicago, en 2001.

Circonstances à la fois similaires et variées, donc, devant de jeunes auditoires, auprès de qui Vonnegut s’amuse à jouer le "vieux schnock". Lui qui, dès 1969 et Abattoir 5, son roman le plus célèbre inspiré de son expérience de prisonnier de guerre des Allemands, fut justement salué comme "porte-parole de la jeunesse et héros de la contre-culture", ce dont il se désolait : "J’ai été froussard pour l’héroïne, la cocaïne, le LSD, etc., disait-il en 2004. Certes, une fois j’ai fumé un joint de marie-jeanne avec Jerry Garcia, du Grateful Dead, pour lui faire plaisir. Ça ne m’a apparemment rien fait, je n’ai donc jamais recommencé."

Vonnegut maîtrisait cet art de la confidence en public, avec franchise et cet humour pince-sans-rire qui fait passer le pessimisme le plus sombre. L’une de ses obsessions, comme la critique des principales "valeurs" américaines, l’apologie du socialisme et des classes populaires, et des familles nombreuses, pour retrouver la fraternité. Sagesse d’humaniste. J.-C. P.

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