La novella - soit une longue nouvelle ou un court roman -est une distance idéale pour Jim Harrison. Il l’a prouvé avec Légendes d’automne (10/18) ou Julip (10/18) et le démontre haut et fort avec Nageur de rivière.
Un fier volume où sont réunies deux histoires. La première, "Au pays du sans-pareil", permet de suivre Clive. Un homme doté "d’une bonne humeur rare et d’une mémoire prodigieuse". Le héros de Harrison est un célibataire de 60 ans qui ne s’est jamais remis de son divorce avec Tessa. Ancien peintre abstrait devenu "homme à tout faire de la culture", le voici qui quitte Manhattan et rentre pour la première fois depuis trois ans dans le Nord-Michigan.
L’occasion de revoir sa vieille mère à demi-aveugle mais toujours fascinée par les oiseaux et leur chant. Ou Laurette, son amour de jeunesse, "trois filles en une", qui a eu recours à la chirurgie esthétique et héberge chez elle une poétesse un peu baba cool. L’occasion aussi de se refaire une santé à coups de mortadelle et de vodka. De repenser à son père mort noyé et de se rabibocher avec sa fille Sabrina…
"Nageur de rivière", la seconde histoire, tourne autour de Thad, un garçon de 17 ans qui est né et a grandi au beau milieu de la rivière. Pêcheur et nageur aguerri, le jeune homme fricote d’abord avec Laurie, une demoiselle, qui s’habille "sans égard pour la pudeur", dont le père cherche à lui corriger le portrait. Puis Thad tombe dans les bras d’Emily. S’envole à Paris déguster vacherin, époisse et brouilly…
Caustique et mélancolique lorsqu’il accompagne Clive, Jim Harrison fait entendre une autre musique quand il est aux côtés de Thad. Aux petits oignons, le résultat est à savourer d’urgence avec une bouteille de bandol, vin favori de l’auteur de Dalva (10/18) !
Al. F.