4 septembre > Roman France

Angie David- Photo THIERRY RATEAU/LÉO SCHEER

Au rang des héroïnes du XXe siècle, par l’ardeur de ses engagements, sa beauté, sa volonté de ne jamais restreindre sa liberté, fût-ce au risque d’un inconfort qui lui servit aussi de morale, ses fidélités successives, par les hommes qu’elle aima, qu’elle lassa et qu’elle laissa, Sylvia Bataille mérite le devant de la scène. C’est ce que lui offre la nouvelle directrice générale des éditions Léo Scheer, Angie David, avec cette biographie romanesque qui est comme un troublant miroir à celle qu’elle consacra déjà à une autre « irrégulière », Dominique Aury (Léo Scheer, 2006, Goncourt de la biographie). Au-delà du portrait de celle qui fut successivement la compagne de Georges Bataille, puis de Jacques Lacan, avec Sylvia Bataille, Angie David offre avant tout celui d’une époque où il n’y eut pas de sport plus prisé que la danse autour du volcan, et celui d’une bande (et même de plusieurs) empreinte d’une gaieté paradoxale.

Le souvenir de Sylvia Bataille est d’abord celui d’une femme qui pleure, quelque part à la lisière du plaisir. C’est à la toute fin d’Une partie de campagne, le chef-d’œuvre de Jean Renoir. Pourtant, le plus beau rôle de Sylvia, ce fut Sylvia Bataille elle-même, ce fut sa vie. Cette fille de réfugiés juifs roumains prolongea son enfance en jouant à des jeux d’adultes, feignant d’ignorer qu’ils étaient dangereux : surréalisme, communisme, Front populaire, psychanalyse… Des ateliers de Montparnasse aux farces du groupe Octobre, des oukases de Breton aux plateaux de tournage de Carné et Braunberger, Angie David nous la rend dans tout l’éclat de sa souveraine liberté. On regrettera qu’elle ait cru nécessaire d’y mêler des pages et des réflexions sur sa trajectoire, sa maternité, ses amis… Toute biographie est peut-être une autobiographie. Etait-il nécessaire de le signifier ainsi ? O. M.

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