Les Anglais aiment les défis originaux comme produire du vin, faire du fromage ou raconter l’histoire de la géologie sans quitter le Yorkshire ! Il fallait non seulement un sacré toupet, mais aussi beaucoup de talent pour réussir cela. Roger Osborne l’a fait. Son livre intitulé à l’origine « L’œuf flottant » - The floating egg - est un modèle pour entrer dans l’histoire des sciences.
D’abord par sa construction. L’ouvrage, traduit sous le titre plus cartésien Des fantômes tapis dans la roche chez un tout nouvel éditeur, se distingue par la maîtrise de sa composition : vingt-cinq chapitres, plus ou moins brefs, qui sont autant d’anecdotes sur les premiers balbutiements des sciences géologiques.
Evidemment, pour cela, Roger Osborne convoque de nombreuses disciplines : astronomie, biologie, physique, paléontologie, architecture et même exploration avec une évocation très réussie du capitaine Cook.
Roger Osborne est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages qui traitent de l’Histoire en racontant des histoires. En 2006, « Civilisation : une nouvelle histoire de l’Occident » (non traduit en français) avait connu un beau succès.
« Les civilisationsse sont édifiées sur les richesses extraites de la Terre et leur méthode de transformation », écrit-il dans Des fantômes dans la roche.Il nous montre aussi comment ces civilisations ont compris que l’on pouvait « lire » la Terre comme un palimpseste.
Nous assistons donc à la vente rocambolesque d’une collection de fossiles au British Museum, suivons des collectionneurs étranges ou résolvons des mystères sur des ossements d’animaux tropicaux qui auraient été transportés en Angleterre par le Déluge biblique. Nous sommes bel et bien dans la science des traces avec les articles publiés dans les premières revues savantes, la création de musées ou le travail d’Hemingway, le géologue spécialiste de la côte du Yorkshire, sur l’énigme de la baie de Whitby dans les années 1950. Tout cela est vrai, évidemment, sinon ce serait moins drôle…
L. L.