Les autorités marocaines ont saisi plusieurs milliers de livres piratés à la suite de descentes simultanées, mercredi 4 avril, dans des entrepôts à Salé, au nord de Rabat, et à Casablanca. Surveillés depuis plusieurs mois, les revendeurs détenaient plus de 2 000 cartons de livres, soit l’équivalent de cinq containers de marchandises.
Des best-sellers à 1€
La saisie record révèle un marché clandestin qui touche majoritairement l’édition arabophone, notamment les livres publiés par Hachette Antoine et le Centre culturel arabe. Sur les étagères des entrepôts figurent en large quantité les meilleures ventes d’ouvrages de développement personnel comme The Power of Now d’Eckhart Tolle (Yellow Kite, 2001) ou encore Good to Great de Jim Collins (Random House, 2001) au côté de la production piratée de Gallimard, J’ai lu, Folio et Pocket, avec plusieurs centaines d’exemplaires de La Punition, de Tahar Ben Jelloun (Gallimard, 2018), des ouvrages de Leïla Slimani – Chanson douce (Gallimard, 2016) et Sexe et mensonges (Les Arènes, 2017) – ainsi que les titres de Yasmina Khadra, Paula Hawkins, Dan Brown, Haruki Murakami, Michel Foucault ou encore Dostoïevski.
Pour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
"Ces best-sellers sont vendus à un prix entre 12 et 15 dirhams (entre 1€ et 1,3€)", indique l’un des membres de l’Association marocaine des éditeurs à Livres Hebdo. "C’est un phénomène égyptien, explique-t-il. Ça fait trois, quatre ans qu’on y est confronté mais c’est la première fois que l’Etat marocain prend conscience de la chose. Il faut savoir que c’est une industrie énorme, qui fait travailler des milliers de personnes. Ils impriment de grosses quantités en Egypte et exportent librement et avec une impunité totale dans tous les pays arabes (Tunisie, Syrie, Maroc, Algérie, Irak, Jordanie)."
Selon lui, si cette saisie d’ampleur reste "le haut de l’iceberg", l’action menée lance "un message direct et clair" en direction des pays touchés par les reventes illégales.
Si elles reviennent en partie sur le « Choc des savoirs », les annonces de la nouvelle ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne ne remettent pas en cause les changements de programmes annoncés. Elles n’offrent en revanche toujours pas de visibilité aux professionnels de l'édition concernés.