Au début du siècle dernier, la jeune Berta grandit dans une ferme en Suède. Elle n'aime rien tant que dessiner et peindre dans le carnet de croquis avec des fusains offerts par l'oncle Johan. Quand le maître veut faire dessiner à sa classe des carottes dans un format assigné, elle s'insurge : « Mais les carottes qu'on a chez nous ne sont pas du tout comme ça ! » Au fait, à quoi ressemblent les choses, se demande souvent la toute jeune fille.
Avec l'argile bleue qu'elle gratte derrière la ferme, elle sculpte de petits oiseaux qu'elle apporte à sa mère alitée qui a « des vilaines taches noires aux poumons, comme si quelqu'un les avait gribouillées au fusain ». Aussi précieux soient-ils, les présents de la fille ne suffiront pas pour guérir la mère. Un jour, la grande sœur part étudier à l'école d'enseignement ménager. Tel était le sort réservé aux jeunes filles de la Suède rurale. Berta, elle, ne veut à aucun prix finir femme au foyer. Mais le père ne voit pas d'un bon œil ses velléités artistiques. Il a tant besoin de bras à la ferme ! Un jour, par rébellion féministe ou désespoir, elle laisse volontairement brûler la soupe aux pois...
Ce récit inspiré par les lettres, dessins et journaux de la peintre Berta Hansson montre avec acuité la difficulté de vivre sa vie et encore plus son art quand on avait le malheur de naître fille au début du siècle dernier. Si l'histoire est puissante, les peintures de Sara Lundberg sont, elles, vibrantes. Qu'elle peigne des arbres noueux, des fleurs violettes, une mère exsangue ou encore un père austère, leur force expressionniste nous plante un poing dans le ventre.
Sara Lundberg
L'oiseau en moi vole où il veut Traduit du suédois par Jean-Baptiste Coursaud
La Partie
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 19,90 € ; 128 p.
ISBN: 9782492768309