François Fillon poursuit son combat judiciaire. Débouté en première instance, l'ancien Premier ministre poursuivait en diffamation devant la cour d'appel de Paris, jeudi 4 février, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui soutiennent qu'il a demandé à l'Elysée d'accélérer les poursuites judiciaires contre Nicolas Sarkozy.
En novembre 2014, dans les colonnes du quotidien et dans leur livre Sarko s'est tuer (Stock), les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme écrivent que, lors d'un déjeuner le 24 juin 2014, François Fillon a demandé au secrétaire général de la présidence, Jean-Pierre Jouyet, que l'Elysée influe sur la justice contre l'ancien président pour empêcher son retour en politique. Ce que François Fillon dément avec vigueur, décidant d'attaquer en diffamation les journalistes et le secrétaire général de l'Elysée.
Après un premier procès d'une journée entière en mai, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris avait jugé, en juillet dernier, que si les éléments produits par les journalistes ne suffisaient pas à prouver la véracité des propos litigieux, ils établissaient leur "vraisemblance". "François Fillon ne veut pas apparaître pour ce qu'il est : un rival absolu de Nicolas Sarkozy", "les deux se détestent cordialement", a déclaré jeudi Fabrice Lhomme selon l'AFP. Ni François Fillon, qui était présent au premier procès, ni Jean-Pierre Jouyet, qui n'y était pas, n'étaient là devant les juges pour le procès en appel.
"Pas déshonorant de perdre"
Pour l'ancien Premier ministre, "le choc a été absolument épouvantable", a plaidé son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi. Si certains avaient tenté de le dissuader de mener cette action en justice, "il y est allé quand même car il n'est pas déshonorant de perdre", a-t-il ajouté, en revanche, "il se serait senti déshonoré s'il n'était pas allé au bout du combat".
Dans chacun des quatre dossiers de cette affaire, François Fillon demande à chaque fois un euro de dommages et intérêts et des mesures de publications judiciaires. "Quand on analyse le fait brut", a de son côté plaidé l'un des avocats de la défense, Me Christophe Bigot, il s'agit de "propos de table, entre la poire et le fromage", qui ne peuvent selon lui être qualifiés de diffamatoires. Sa consœur, Marie Burguburu, a quant à elle fait valoir que Jean-Pierre Jouyet savait qu'il était enregistré par les journalistes, comme en témoigne le son d'une "qualité parfaite".
La décision a été mise en délibéré au 17 mars.