19 août > Roman France

Si l’on en croit le narrateur, qui raconte à la première personne toute cette histoire présentée comme authentique, il aurait eu, dès le début des années 2000, le projet de consacrer un roman à son amie Sandrine, grâce à ses "confessions" et à un certain nombre de filatures auxquelles il s’était livré, dignes des meilleurs détectives. Il faut dire que le destin de son héroïne, qu’il avait rencontrée en 1989 et fréquentée jusqu’à ses 30 ans à lui, qu’elle surnommait Pépito, n’est vraiment pas banal.

Née dans le Nord, elle a vécu une enfance d’enfer, humiliée, frappée, martyrisée par sa mère, qu’elle surnommait "le mammouth", sosie de Sylvie Vartan et obsédée par les horreurs commises par les nazis. Son père, faible et alcoolique, laissait faire en s’excusant. Adolescente, Sandrine "dévisse" et décide de s’en sortir par des moyens peu catholiques : menteuse sans scrupule, après un premier mariage raté avec un Damien minable, elle monte des escroqueries aux petites annonces, aux chéquiers volés, avec la complicité de son ami Julien, un pickpocket qui finira par se dégonfler et se rendre à la police. Sandrine, elle, a la maréchaussée aux trousses. Elle a déjà fait six mois de prison et n’a aucune envie d’y retourner.

Elle s’enfuit et va tenter plusieurs fois de se fabriquer de nouvelles vies. A Bruxelles, où elle rencontre un Vincent amoureux que ses mensonges dissuaderont de poursuivre la relation. Puis à Nice, avec un Albert que ses boutiques de couture mettront sur la paille. C’est finalement en Afrique que cette femme d’exception et pleine de ressources finira par se faire oublier et se reconstruire. Elle y vivrait toujours aujourd’hui.

Jouant avec les codes du genre romanesque, Eric Faye signe une vraie-fausse autofiction, puisqu’il prétend avoir rencontré les protagonistes, enquêté à leur sujet, voire été plus perspicace que la police. Il faut dire que son narrateur est journaliste, donc habitué à mener des investigations. Dans le civil, Eric Faye travaille, lui aussi, pour une grande agence anglo-saxonne. C’est évidemment fortuit. J.-C. P.

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