La grand-messe annuelle de l’édition numérique, version technique, l’International Digital Publishing Forum, se tient aujourd’hui 14 mai, à New York, au MacGraw-Hill Auditorium, et elle réunira, à guichets fermés, les principaux acteurs mondiaux qui planchent sur les histoires de formats, de DRM, etc. Thème de cette édition 2008 ? « Le marché émergent des e-books ». Et, parmi la quinzaine de « sponsors » de l’événement, aux côtés de Adobe ou d’Ingram, il s’en trouve un, pour l’instant inconnu des Français, mais peut-être pas pour longtemps : Bookbank. Bookbank, c’est une émanation de CPI Group, le premier imprimeur européen de livres, fondé en 1996 en France par les rachats successifs de Bussière, d’Hérissey, de Brodard & Taupin… avant de poursuivre sa croissance en Allemagne, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Pologne… Aujourd’hui, CPI Group réalise 500 millions d’euros de chiffre d’affaires et imprime 650 millions de livres chaque année, dont 230 millions pour le seul marché français. Bookbank n’est pour l’instant qu’une petite cellule de réflexion et d’intervention, basée sur le territoire anglais. Son premier objectif : le « digital asset management ». En plus clair : « proposer un logiciel de gestion d’actif pour les éditeurs ». En encore plus clair : convertir tous les fichiers, de type PDF, en fichiers numériques lisibles sur tous supports — dont les e-books. Qui, demain, quand le marché des e-books décollera vraiment — ce dont il ne se trouve plus grand monde pour douter —, distribuera les livres numérisés aux lecteurs ? La bataille qui se prépare est bien évidemment celle des plates-formes de diffusion. Beaucoup d’acteurs, d’horizons divers — grande distribution, télécommunications, etc. — rêvent de se partager le gâteau, et accessoirement d’en décrocher la plus grosse part. Bookbank est du lot. Avec un argument qui, ma foi, ne manque pas de poids : grâce à sa prépondérance écrasante dans l’impression papier, CPI est déjà en contact avec plus de… 4 000 éditeurs. Et la perspective ne manque pas de séduction : l’acteur le plus « historique » de la chaîne du livre, l’imprimeur, qu’on pouvait penser marginalisé par la révolution numérique, resterait finalement dans la course. Et pas qu’un peu. « C’est un projet extrêmement complexe, pour lequel nous n’avons pour l’instant aucun calendrier précis », confie Bernard Kieffer, directeur de l’innovation chez CPI. Et, sur le site de bookbank (bookbank.com), on se veut rassurant : il n’est pas nécessaire de confier ses livres à imprimer à CPI pour profiter des services de numérisation… Comme on dit au Canard Enchaîné, ça va mieux en le disant.