Conversation onirique. Avant le remarqué Nino dans la nuit, signé à quatre mains avec son épouse Capucine (Allia, 2019), Simon Johannin avait déjà fait sensation avec son premier roman, L'été des charognes. Publié en 2017, ce récit d'initiation abordait l'enfance comme on creuse dans sa mémoire, dans un style brut, volontairement imparfait grammaticalement, proche du langage parlé de ses jeunes personnages. Simon Johannin est aussi poète (La dernière saison du monde, Allia, 2022). Mais contrairement aux pratiques de la poésie contemporaine, qui rompent avec les codes de la prose romantique, sa traduction de la mélancolie et des états limites le situe naturellement dans la lignée d'un Baudelaire.

Avec Le dialogue, l'écrivain investit à nouveau le champ de la poésie, mais le déplace cette fois-ci dans les paroles directement rapportées d'un dialogue amoureux. À travers la conversation des deux personnages, véritable voyage onirique créé par leurs mots, il explore les différentes pulsions de vie et de mort qui circulent dans les choses de l'amour. La complicité, la tromperie, la prostitution, l'abandon de soi, le rapport à l'alcool sont abordés à travers des voix qui tâtonnent entre ressentis, souvenirs, pensées et métaphores. Malgré l'aspect très contemplatif du propos, qui ne s'inscrit jamais dans le réel ni le concret, Le dialogue parvient à créer un monde de rêverie dans lequel voyagent ses personnages, et ainsi que ses lecteurs les plus sensibles au romantisme.

Voir la critique de l'adaptation BD de L'été des charognes en pages Romans.