ÉDITO par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Photo OLIVIER DION

Il s'était ouvert en avril 2011, tant bien que mal, après presque six années de gestation. Un an plus tard, il se referme sans avoir tenu aucune de ses promesses. 1001libraires.com, le portail collectif de vente en ligne des libraires indépendants, aura été un cuisant échec. Au total, il aura coûté près de 2,5 millions d'euros aux 37 libraires qui ont misé sur lui, à l'Association pour le développement de la librairie de création (Adelc), au Centre national du livre et au Cercle de la librairie.

Au départ, il s'agissait pour les libraires les plus modestes d'offrir à leurs clients un service de vente en ligne qu'ils n'avaient pas les moyens de financer tout seuls et de récupérer ainsi une partie des transactions sur Internet, qui leur échappent.

Le portail est vite apparu comme un enjeu majeur afin de préserver le réseau des librairies, ce maillon essentiel d'une chaîne du livre que le numérique et les grands intervenants "pure players" sont en train de bouleverser.

Même si on s'y attendait un peu depuis le début de l'année, l'annonce de la fermeture de 1001libraires.com, prévue pour la fin du mois, va créer une immense déception. Pour beaucoup, cet échec tient à la difficulté de la librairie française à jouer collectif. L'exemple du site canadien Ruedeslibraires.com est à ce titre éloquent : il a été rendu possible par un engagement déterminé des plus importants libraires indépendants québécois au service de toute la profession.

Or, de ce côté-ci de l'Atlantique, la mobilisation a été tardive. Ce n'est que depuis un an que le sentiment d'être confronté à un problème commun s'est installé dans toutes les librairies, quelle que soit leur taille. Trop tard. Aujourd'hui, la prise de conscience est générale. Espérons qu'il est encore temps de repartir sur de nouvelles bases.

Tous les regards se tournent désormais vers le nouveau gouvernement et, en particulier, vers le (ou la) ministre de la Culture - pas encore nommé(e) à l'heure où nous mettons sous presse. Une forte impulsion politique ne sera pas de trop pour aider les professionnels à organiser leur propre survie.

03.10 2014

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