10 avril > roman Inde

Rykhasana est journaliste. L’héroïne du nouveau roman de Timeri N. Murari est obligée de signer ses articles d’un pseudonyme et ne peut les envoyer directement au Hindustan Times à Delhi. Il faut préciser que la jeune femme habite Kaboul au début des années 2000. Elle y est sommée de comparaître au ministère pour la Promotion de la vertu et la Répression du vice.

Rykhasana garde un mauvais souvenir de sa précédente rencontre avec le ministre, Zorak Wahidi. Celui-ci, quatre ans plus tôt, l’a démise de son poste au Kaboul Daily et l’a renvoyée chez elle en sang et couverte de bleus. Le lecteur découvre peu à peu le quotidien de Kaboul. Une ville bien mal en point dont la seule culture est désormais celle des armes. Une ville où jadis ont été exécutés et exhibés l’ancien président et son frère. Une ville où Rykhasana ne peut exister que derrière les murs de chez elle, dans la maison endommagée par un tir de roquette où elle vit avec son frère et sa mère, et d’où elle sort revêtue d’une burqa.

Le jour de sa convocation, Rykhasana voit le ministre abattre devant elle d’une balle dans la tête deux prisonniers accusés d’adultère. Elle l’entend expliquer que le gouvernement est soucieux de montrer au monde un peuple juste et bon. Que pour cela, il a été décidé de promouvoir le cricket : un sport censé occuper les jeunes Afghans et les prémunir de tous les vices ! C’est oublier que le cricket est un jeu démocratique. Qu’il offre la possibilité de s’exprimer, de se dévoiler et de défier les talibans sur un terrain. Coup de chance, Rykhasana a justement étudié les règles du cricket à Delhi quand son défunt père y était ambassadeur adjoint.

Déjà auteur de plusieurs romans remarqués dont Les arrangements de l’amour (Mercure de France, 2007), Timeri N. Murari brosse un terrible portrait de Kaboul en même temps que celui d’une jeune femme décidée à se battre contre l’oppression. Al. F.

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