Chaîne du livre

Surproduction de livres : Vers moins de prises de risque ?

Malgré une prise de conscience générale, la chaîne du livre doit toujours faire évoluer son approche de production éditoriale - Photo ED

Surproduction de livres : Vers moins de prises de risque ?

Une double table ronde organisée par le CNL a réuni plusieurs acteurs de la chaîne du livre pour évoquer la surproduction de titres, dans un contexte de baisse du lectorat.

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Par Éric Dupuy
Créé le 27.01.2025 à 19h21

Organisée par le Centre national du livre (CNL) en écho à l’alerte des libraires lors des dernières Rencontres nationales de la librairie, la table ronde « La surproduction : produire moins pour produire mieux ? » organisée lundi 27 janvier a permis d’établir le constat que tous les maillons de la chaîne subissent ce phénomène déjà en décroissance.

Approche « non rationnelle »

Le rendez-vous a réuni des représentants de chaque secteur, hormis notamment les auteurs et les imprimeurs, et se voulait « une approche purement économique », selon le directeur général du CNL Pascal Perrault.

Un premier échange entre l’historien spécialiste de l’édition Jean-Yves Mollier et Renaud Lefebvre, directeur général du Syndicat national de l’édition (SNE) a installé la problématique, ancienne mais qui s’est emballée entre les années 1970 et 2010. « Il n’y a pas de surpublication délibérée (…), cela ne profite pas aux éditeurs », a assuré le second, répondant à l'historien qui évoquait une approche « non rationnelle du marché par les éditeurs ».  

Le Covid comme déclic

Ont ensuite pris place Cécile Boyer-Runge, directrice générale des éditions Points, Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française (SLF), Matthieu Raynaud, directeur de la diffusion d'Harmonia Mundi, et Dominique Wettstein, directeur général de Gallimard distribution. Tous ont évoqué la prise de conscience du secteur après la période du Covid, où le chiffre d’affaires a augmenté malgré une production de titres moins importantes (lire ci-après). Pour ce dernier, les répercussions de cette décroissance se retrouvent dans la « diminution des offices, la démultiplication des réassorts et la diminution des retours », de l’ordre de 6 et 7% en moins depuis cinq ans au niveau du groupe Madrigall, ce qui démontre une prise de risque moindre de la part des éditeurs.

Une démarche qui va dans le bon sens. Mais pour le représentant des libraires Guillaume Husson, « il faut changer de paradigme (…) alors que le marché s’écarte entre les best-sellers et les long-sellers ». La résultante étant que l’espace et le temps accordés aux nouveautés, « de l’ordre de 40 jours sur les tables des libraires », selon Matthieu Raynaud, ne leur permettent pas d’exister. D’autant plus que les libraires « n’ont plus la main sur le flux ».  

Responsabilité partagée

Selon les acteurs présents, chacun a sa part de responsabilité dans ce processus de best-sellerisation, notamment les médias qui se concentrent sur les mêmes titres.

Dans la salle, l’ancienne présidente du SLF Anne Martelle a rappelé que pour les seules rentrées d’automne et d’hiver en littérature, les libraires devraient lire 5,5 livres par jour dans l’année, alors que les librairies de premier niveau reçoivent entre 50 et 60 représentants par mois. Et de conclure qu’on aura avancé lorsque « les libraires ne liront pas plusieurs fois le même livre sous un autre titre ».

Le CNL a promis un prochain rendez-vous pour aborder la question de l’écologie en lien avec cette problématique de la surpublication éditoriale.

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