Retrouver Jane Gardam est un délice. Longtemps absente des librairies françaises, l’Anglaise a publié de nombreux classiques comme Le poney dans la neige (Gallimard Jeunesse, 1999), Dieu par-dessus bord (Deuxtemps Tierce, 1988) ou L’été après les funérailles (Fayard, 2001). La revoilà avec Le maître des apparences, le premier volet d’une trilogie, Les orphelins du Raj, qui s’annonce grandiose.
Le "vieux Filth" a plus de 80 ans. Le héros de Jane Gardam a été un grand avocat de la Couronne, un juge et un "bel esprit". Sir Edward Feathers a fui le barreau de Londres quand il était jeune et a réussi à Hongkong grâce à son aisance, sa faculté de compréhension, son assiduité et son flair. Il a pris sa retraite, vit seul dans le Dorset depuis le décès de sa femme, Betty. Coup du sort, Edward découvre qu’il a pour voisin son ennemi juré. Ancien avocat, Terry Veneering est lui aussi veuf. Ces deux-là se sont tant de fois défiés. Une tempête de neige va les amener à reprendre langue. A boire un whisky ensemble. Imaginez le choc pour Edward ! Avec tact, Jane Gardam glisse entre les époques. Elle emmène le lecteur en Malaisie où son héros a passé ses premières années, sans sa mère, décédée deux jours après l’avoir mis au monde. A côté d’un père, officier de district, qui ne s’intéresse pas à lui.
Le maître des apparences est un pur chef-d’œuvre. Dame Gardam éblouit avec ses personnages impénétrables qui tiennent leur place et ne baissent jamais la garde. Mais, il faudra attendre mars 2016 pour lire Le choix de Betty, et l’automne 2016 pour L’éternel rival ! Al. F.