édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Photo OLIVIER DION

Le cinéma est un nouvel exemple de ce brouillage des frontières à l’œuvre un peu partout aujourd’hui. Avec cette semaine encore la sortie de Toi et moi, adapté du roman de Niccolò Ammaniti par Bernardo Bertolucci, et de L’œil du cyclone de Fred Schepisi, d’après celui du prix Nobel de littérature Patrick White, après Grand Central, issu de La centrale d’Elisabeth Filhol, la littérature n’a jamais fourni autant de sujets à l’industrie cinématographique : 40 films tirés de livres seront sur les écrans d’ici à Noël ! Mais surtout, depuis quelques années, on voit des sociétés de production devenir éditeurs de livres, comme Capricci, d’autres devenir libraires, comme MK2, tandis que des éditeurs, comme Média-Participations, ont fait de la production audiovisuelle un des axes de leur développement : « Une bonne histoire sur le papier reste une bonne histoire à l’écran », assure dans nos pages « Evénement » François Pernot, le patron du pôle images du groupe.

De la même façon, les frontières deviennent de plus en plus floues entre les papetiers et les éditeurs. Après s’être attaqués aux agendas et aux calendriers, ces derniers n’hésitent plus à créer eux-mêmes et à commercialiser, via le réseau des libraires avides de diversification, des carnets, cartes de correspondance ou papier à lettres. Les éditeurs de beaux livres s’y sont mis les premiers, comme Le Chêne. Les éditeurs pour la jeunesse, riches en dessinateurs, ont suivi, puis les éditeurs de livres pratiques. Là encore, le mélange des genres est fructueux.

C’est tout le contraire qui se passe à l’université, où les enseignants semblent le plus souvent travailler à défaire les liens traditionnels avec le secteur du livre. Si notre supplément « Rentrée universitaire » est consistant, c’est bien grâce aux éditeurs qui se démènent pour séduire les étudiants malgré leurs professeurs. Constatant la disparition de toute prescription de livres, le libraire Alain Panaget (Sauramps à Montpellier) en déduit que « pour beaucoup de professeurs, le livre a moins de valeur ». Son confrère Matthieu de Montchalin (L’Armitière à Rouen), lui, prescrit aux éditeurs de faire de la pédagogie aux pédagogues en leur « réexpliquant les vertus du livre ». Une jolie inversion des rôles.

11.10 2013

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