Lorsque Frédéric Mériot devient directeur général des Presses universitaires de France (Puf) en 2014, il découvre le « crève-cœur économique » que représente l'abandon d'exploitation chaque année de 200 des 3 000 titres viv ants. « L'impression à la demande à l'unité a permis à l'époque, de façon quelque peu artisanale, d'arrêter l'hémorragie », raconte-t-il en présentation de l'innovation logistique imaginée avec son distributeur, Union distribution (UD). A partir de 2017, alors que le groupe est devenu Humensis, Frédéric Mériot passe à une solution industrielle grâce à la constitution d'un algorithme.
Pendant des mois, UD a analysé le comportement des titres à faible et moyenne rotation d'Humensis, en prenant en compte leur date de parution, les ventes des derniers mois et ce qui les caractérise (régulières ou non). Sur la base des ventes et des niveaux de stocks, la gestion de la réimpression en quantité suffisante se fait de façon automatique, sous la surveillance d'un « analyste stocks ». C'est ce qu'ils appellent le tirage court dynamique ou TCD. Pour les titres paramétrés ainsi, le système de gestion va passer des commandes via des flux d'échanges de données mis en place avec les imprimeurs choisis par l'éditeur, ce dernier ayant déjà en base les méta données techniques et les fichiers PDF. Ces commandes, fabriquées sur des machines dédiées aux courts tirages, sont livrées sous 5 à 10 jours en fonction du degré d'urgence, réceptionnées par UD, et stockées en armoires dynamiques, adaptées au stockage de petites quantités. L'éditeur garde cependant la main sur son fond et peut décider à tout moment soit de retirer un ouvrage du TCD, soit d'initier un tirage particulier pour répondre à un besoin ponctuel.
Pour Frédéric Mériot, le TCD conserve tous les avantages de l'impression à la demande (IAD) à savoir la maîtrise des stocks et l'approvisionnement éternel des ouvrages. Mais, contrairement à l'IAD, les coûts de transport sont plus faibles et le bilan carbone meilleur puisque les ouvrages empruntent les canaux normaux de réapprovisionnement des librairies. Le directeur général d'Humensis estime que 6 000 ouvrages ont été ressuscités grâce au TCD. Les diffusés d'Humensis profitent aussi de cette solution. 20 % des titres d'Imago sont traités en TCD. Le directeur général d'UD, Dominique Wettstein, propose aussi ce système aux éditeurs de son groupe et Flammarion gère ainsi 750 titres en mode TCD.