En 1993, on découvrait le nom de Rose Tremain lorsque les éditions de Fallois proposaient la traduction du Don du roi (repris au Livre de poche), finaliste du Booker Prize. Robert Merivel, le héros de Tremain, était docteur des chiens royaux de Whitehall avant que sa vie ne change, que le roi ne lui offre une propriété et un titre de chevalier en échange d’un pacte.
Merivel avait reçu l’ordre de devenir l’époux de Celia Clemence. La plus jeune maîtresse du roi. Afin que sa liaison avec cette dernière soit dissimulée au monde, et en particulier au premier amour de Sa Majesté, Lady Castelmaine. Merivel avait interdiction formelle de toucher son épouse. « Je ne devais être son mari que de nom, un époux d’opérette, un cocu professionnel », comme il le rappelle dans L’ami du roi, la digne suite au Don du roi que signe aujourd’hui Rose Tremain.
Merivel avait accepté d’échanger son honneur contre richesse et ascension sociale. Avant de manquer à sa parole… Lorsque s’ouvre L’ami du roi, sir Robert Merivel réside dans le Norfolk, à Bidnold Manor, avec sa fille de 17 ans, Margaret, qu’il a élevée dans l’idée d’une certaine indépendance de pensée, et s’apprête à partir en Cornouailles. Merivel exerce toujours la médecine, veille sur les plaies et les souffrances de ses voisins du mieux qu’il peut, mais se sent cruellement seul.
Le voici qui se décide à prendre sa redingote, sa perruque et son épée afin d’aller rendre visite à une vieille connaissance. Un roi Charles II qui gouverne en monarque absolu et a une maîtresse française. Merivel a besoin d’une lettre de lui pour aller respirer l’air de France où il imagine l’herbe plus verte. La chose en poche, il gagne Versailles. Et s’immerge peu à peu dans le « tohu-bohu » que représente à ses yeux la cour du roi Louis, la cour la plus riche du monde…
Anoblie par la reine d’Angleterre, traduite dans trente langues, Rose Tremain signe un retour particulièrement réussi dans sa veine historique. Veine qu’elle n’avait plus explorée depuis La couleur des rêves (Plon, 2004, repris en J’ai lu). Al. F.