Des dizaines de personnalités internationales des arts et des lettres lancent un appel pour que "la lecture, l'écriture et l'accès à l'information fassent partie des priorités de l'aide d'urgence" humanitaire, dans une pétition transmise à l'AFP jeudi.
"Lorsqu'une catastrophe humanitaire survient, les premiers secours se portent sur les blessés qu'il faut sauver, sur la nourriture, les abris et les vêtements", mais "après une catastrophe, il faut également pouvoir lire, écrire et communiquer", soulignent les signataires, dont les prix Nobel de littérature Toni Morrison (Etats-Unis), J.M. Coetzee (Afrique du Sud), Doris Lessing (Grande-Bretagne) et le Nobel de la Paix sud-africain Frederik Willem de Klerk.
"Pour guérir et se reconstruire, il faut aussi pouvoir lire et dire", écrivent-ils dans cette pétition sur "l'urgence de lire", initiée par l'ONG française Bibliothèques sans frontières, qui intervient dans une vingtaine de pays à travers le monde, notamment en Haïti.
Orsenna, Hessel, Ferrari, Nothomb, Proulx, Laferrière...
La pétition de cette ONG présidée par l'historien français Patrick Weil, a notamment été signée par les écrivains Erik Orsenna, Tahar Ben Jelloun, Stéphane Hessel, Elisabeth Badinter, Jérôme Ferrari (prix Goncourt 2012), Amélie Nothomb, Amin Maalouf, Michael Cunningham, Joyce Carol Oates, Annie Proulx, ou encore Dany Laferrière.
"Aujourd'hui, aucun des principes guidant l'ONU lorsqu'elle doit gérer le sort de personnes déplacées ne porte sur cette dimension intellectuelle du sauvetage de l'être humain en danger, ce besoin fondamental d'information, de dialogue et de réassurance", déplorent les signataires.
"Or qu'est-ce qu'un homme, une femme, un enfant, une fois sa vie sauvée, sa nourriture et son gîte retrouvés, si, sans activité, il ne peut pas lire, écrire, dessiner ou communiquer, et ainsi reprendre sa place dans la communauté des humains, pour mieux se projeter dans l'avenir et se reconstruire?"
Les signataires rappellent "l'exemple du formidable impact des bibliothèques chiliennes" après le séisme de 2010: "Leur ancrage direct dans les communautés et leur savoir-faire en matière de recherche, de vérification et de mise à disposition de l'information, ont joué un rôle décisif pour le sauvetage des hommes, la prévention des nouveaux risques et le rétablissement des moyens d'accès à l'information".