19 mars > Roman Espagne

Connaissez-vous la vallée de Baztán ? Sa rivière, sa forêt profonde, nichées au cœur le plus secret de la Navarre, dans le Pays basque espagnol ? L’inspectrice Amaia Salazar, qui en est issue, a eu beau s’installer en ville, à Pampelune, y exercer ses talents d’enquêtrice (appris à La Nouvelle-Orléans), y fonder un foyer avec mari et désormais enfant, elle n’est jamais parvenue à vraiment la quitter. A oublier tout à fait, avec le souvenir terrible de sa propre mère, cette terre de sorcières et de mythologies, de légendes, où rôdent la mort et la folie. Aussi, lorsqu’elle se voit chargée d’enquêter à propos d’atroces crimes sexuels dont sont victimes des femmes et dont tout indique, à l’exception toutefois de rituels macabres, que leurs compagnons respectifs sont les coupables, Amaia va devoir peu à peu se replonger dans ses cauchemars originels… Elle qui vient d’être mère va devoir dénouer en elle les fils de sa conscience d’enfant bafouée.

Ainsi débute De chair et d’os, le terrifiant deuxième volet (le premier, Le gardien invisible, est paru chez Stock en 2013 et réédité ces jours-ci dans la collection "Folio policier") de la trilogie noire. Celle-ci a consacré, grâce à ses 400 000 lecteurs (sans compter ses trente traductions dans le monde entier et les droits d’adaptation au cinéma vendus aux producteurs de Millénium), son auteure, Dolores Redondo, en nouvelle reine du noir de l’autre côté des Pyrénées. Sens de l’atmosphère, appétence pour le crime considéré avant tout comme un rituel, voire l’un des beaux-arts, goût du fantastique, Redondo est à la croisée des chemins entre l’œuvre d’une Fred Vargas, dont elle serait comme une version basque, et la série True detective. Bref, ce De chair et d’os (qui peut, bien entendu, parfaitement se lire indépendamment du premier volet de la trilogie) fait très peur, et c’est délicieux. Olivier Mony


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