1er octobre > Essai France

En 2004, Dominique Fernandez avait déjà publié chez Philippe Rey un album inspiré sur Rome, enrichi de photographies de Ferrante Ferranti, son alter ego dans ses voyages, lesquels ont fini par prendre, dans son œuvre, une place fondamentale. Quant à l’Italie, c’est le pays de cœur de l’écrivain. Si Naples demeure sa ville, celle de Porporino, Fernandez a découvert Rome, où il a fait ses études, dès les années 1950 et dont il dit : "Personne ne peut ne pas aimer Rome."

Mais pas d’un amour aveugle. Fernandez reconnaît des défauts à l’Urbs : son atmosphère cléricale et guindée - il n’aime guère le Vatican ni Saint-Pierre, déteste Jean-Paul II, qu’il traite de "criminel" à cause de ses positions sur l’homosexualité, ou contre l’usage du préservatif -, son côté grosse ville de province, "désert culturel" par rapport à Milan ou Naples, bien loin de l’effervescence créatrice des années d’après-guerre, qu’il a vécue. Dans ce livre jubilatoire, passent Pasolini ou Moravia, que Fernandez a bien connus, l’un peu loquace, l’autre volubile et mégalo. Mais aussi Mario Praz, écrivain méconnu de ce côté-ci des Alpes, visité dans son morceau de palais de la via Giulia, un vrai musée. Il est encore question de Primo Levi, que ses confrères préféraient oublier parce qu’il leur rappelait trop les horreurs de la guerre, le fascisme et ses conséquences. Ou du peintre onirique Fabrizio Clerici, "un seigneur".

Dominique Fernandez possède l’art de la pédagogie. Il invite le lecteur à sa suite aussi bien sur les traces de Néron, qui ne fut pas que le monstre de Cinecittà, ou d’Hadrien, l’empereur philhellène, veuf de son bel Antinoüs, à des parcours Caravage ou Bernin, ou à la découverte d’églises secrètes, San Clemente ou Sant’ Andrea al Quirinale. C’est un maître érudit et débonnaire, sauf quand quelqu’un écrit des bêtises sur Rome et ses Romains, comme Gracq, avec sa "suffisance imbécile", digne de M. Perrichon. J.-C. P.

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