Gabriel Katz a été nègre, il a signé des scénarios pour la télévision, puis une saga de fantasy saluée par les aficionados. Changeant de genre, il choisit ici le thriller parodique, le polar rocambolesque, le remake de roman d’aventures, façon James Bond, porté par un style enlevé, un humour à froid, à la fois british et audiardien. Avec un héros délicieux qui répond au nom de Benjamin Varenne.
Plutôt joli garçon, c’est un acteur minable qui ne parvient pas à percer, et est obligé, pour nourrir son chat, de jouer les Pères Noël au Printemps. Un beau jour, entre deux marmots tyranniques, débarque Victoire Mercier, 24 ans, dont il tombe amoureux. Et il semble que, de son côté, il ne lui soit pas indifférent. Mais la belle est bien mystérieuse, escortée de gardes du corps, convoyée en Mercedes aux vitres fumées. Elle mène grand train, le sac à main bourré de billets, et ne peut recevoir chez elle, du moins en principe, car après quelques quiproquos, les tourtereaux concluent enfin, dans un appartement du 16e arrondissement parisien grand comme un hall de gare. Mais Victoire n’y est pas seule. Au matin, surgit une véritable houri, flingue à la main. Une rixe s’ensuit où la mamie succombe, ainsi qu’un des deux gorilles de Victoire. Laquelle finit par avouer à son Roméo qu’elle est la maîtresse de Valon Jakova, un caïd de la mafia albanaise, que la défunte était la mère d’icelui, et qu’il ne va sûrement pas laisser impuni celui qui l’a fait à la fois cocu et orphelin ! En albanais, vendetta se dit kanun.
Va s’ensuivre pour le héros une avalanche de tribulations qui le conduiront jusqu’en Thaïlande, ses îles de rêve et ses tontons flingueurs, avec, au casting, des gardes du corps anciens barbouzes à la fidélité incertaine, un policier ange gardien parfois bien encombrant, et une Victoire pas toujours sincère. Naturellement, la fin du suspense est surprenante.
Ce roman en marge de la rentrée littéraire est très réussi, nourri aux meilleures sources (Ian Fleming, Michel Audiard, la BD, etc.). Quant à Benjamin redevenu Père Noël, on l’espère en route vers de nouvelles aventures. J.-C. P.