3 octobre > Essai France

C’est en écrivain que Xavier Darcos, agrégé de lettres classiques, célèbre Oscar Wilde (1854-1909). Le nouvel académicien se souvient aussi qu’il a été un homme politique, élu, puis ministre. Il nous donne donc, un essai « politique », voire polémique. Selon lui, l’œuvre et les idées de Wilde, avec son côté libertaire, peuvent servir d’antidote à la «vulgate braillarde et aphasique à la fois, souvent sans culture et sans humour », générée et propagée aujourd’hui par des médias « omniprésents » et « l’ubiquité d’Internet ». L’essayiste n’est pas tendre pour notre époque, dont il dénonce le jeunisme : « La jeunesse est un naufrage », «L’homme est un louveteau pour l’homme », ou le communautarisme revendicatif : «Wilde n’aurait pas défilé à la Gay pride ».

De ce « philosophe à sa manière désinvolte », il trace un portrait enlevé et fasciné, étudiant avec minutie son théâtre. Même si parfois l’admiration l’aveugle quelque peu. Ainsi, lorsqu’il évoque les rapports entre Oscar Wilde et André Gide, Xavier Darcos peine à admettre le courage de Gide, de même que ses réserves sur le comportement de Wilde, lequel pouvait horripiler avec sa logorrhée, son kitsch, son apparence de ne rien prendre au sérieux. Son œuvre en a pâti, pour le moins inégale. Mais, quand la farce eut tourné au drame, et le bouffon au martyr, emprisonné de 1895 à 1897 dans une geôle de Reading à cause de sa passion délirante pour Alfred Douglas, Darcos oublie que Gide fut l’un des seuls à tendre la main à son ami. Il lui a aussi consacré, après le transfert de ses cendres au Père-Lachaise, un livre d’hommage, Oscar Wilde (Mercure de France, 1910).

Si l’on aime l’auteur de la Ballade de la geôle de Reading, on lira avec plaisir Oscar Wilde et le mystère de Reading, qui vient de paraître en 10/18, sixième épisode de la série de polars que Gyles Brandreth a axée autour de l’écrivain. Grâce aux carnets inédits de Robert Sherard, le plus proche ami de Wilde, resté fidèle et devenu son premier biographe, Brandreth aide son héros à raconter ses deux ans de calvaire pénitentiaire. J.-C. P.

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