Dimanche matin, France 5 vous convie à une évocation de vos souvenirs d’enfance. La Bibliothèque rose est un documentaire produit par Bel Air Media et réalisé par Marianne Lamour. 52 minutes pour nous plonger dans l’histoire d’une collection, mais, bien plus, dans l’histoire d’une « success story » de l’édition.
Si le récit semble convenu, avec une voix off suave et une image assez banale, le propos n’est pas dénué d’intérêt. Mêlant l’affectif à l’historique, le regard du simple lecteur à celui d’un professionnel, nous pourrions croire qu’il s’adresse avant tout à des passionnés.
Alice, Oui Oui, Fantomette, Poly, Belle et Sébastien, Le club des cinq… autant de sagas qui nous ramènent à nos premiers émois littéraire. « Il y a autant de lectures que de lecteurs » rappelle l’écrivain Irène Frain. Aux côtés de Cécile Aubry, Michel Tournier, des admirateurs moins connus et surtout l’illustratrice Jeanne Bazin, les témoignages se croisent pour expliquer l’évolution de cette collection de 150 ans, qui a séduit 7 générations. Filles comme garçons.
Si, à l’origine Louis Hachette avait ciblé les petites filles (la couleur rose avait pour objectif de « distraire et éduquer »), les premières acquisitions étrangères furent pour plaire aux garçons : Dickens, London, puis Verne, ce qui donnera la Bibliothèque verte.
Le film revient sur ce XIXè siècle. Et c’est sans doute son aspect le plus fascinant. Des premiers kiosques en gare aux idées importées de Grande Bretagne (que ce soit les auteurs à suspens ou la distribution de masse), nous revivons l’essor de cette littérature « de poche » où tout était prévu pour le voyage : le bas coût, le format réduit…
Cette facette historique de l’édition s’ajoute à la destinée, en détails, des Malheurs de Sophie (qui se vend encore aujourd’hui à 25 000 exemplaires). Sans la Comtesse de Ségur et sans les chemins de fer, la Bibliothèque rose n’aurait pas eu une si grande réussite. Mais la mise en perspective nous démontre surtout la nécessité de s’adapter à l’air du temps, pour continuer à plaire aux enfants.
Passée au rose fluo, la novellisation de dessins animés (Disney mais aussi Candy) et surtout Titeuf prouvent à quel point la jeunesse d’esprit sied à cette collection d’un autre siècle. Toujours sur les bons coups, elle se doit d’aller « au devant des désirs de nos enfants de la télé. »
On regrettera juste l’horaire de diffusion dominical et très matinal pour un documentaire aussi ambitieux et éclairant. Habile fil(m) conducteur qui nous fait traverser les époques et les œuvres sans les opposer ou les juger.
Présentation du programme sur le site de France 5
Enquête de C. Combet dans LH n°634, 24.02.2006