15 mai > récit états-Unis

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Pilier du New Yorker, Janet Malcolm avait déjà signé Tempête auxarchives Freud (Puf, 1986). Chez François Bourin, on peut aujourd’hui lire l’ouvrage qu’elle a consacré en 1990 à une étrange affaire et à une relation qui l’est tout autant. Publié dans la collection « Washington Square », Le journaliste et l’assassin raconte comment Joe McGinniss en vint un jour à se pencher sur le cas de Jeffrey MacDonald.

Le premier est un journaliste qui a connu le succès dès la parution de son premier ouvrage, The selling of the President 1968, où il analysait la campagne de Nixon et son utilisation de la télévision. Le second est un médecin militaire accusé en 1970 d’avoir tué sa femme enceinte et leurs deux filles à Fort Bragg, Californie.

Le second a demandé au premier, alors chroniqueur au Herald Examiner, de suivre son procès et d’écrire un livre sur l’affaire depuis le banc des accusés. Une proposition d’abord faite à l’écrivain Joseph Wambaugh qui l’a déclinée. « J’imagine que votre intention est de trouver un auteur qui écrirait votre récit, et il se peut très bien que votre version corresponde à la vérité telle que moi je le concevrais. Mais vous n’en auriez aucune garantie, pas avec moi. Vous n’auriez aucune prérogative éditoriale. Vous ne verriez même pas le livre avant la publication », avait expliqué l’ancien policier devenu romancier.

McGinniss, lui, sent qu’il y a là matière à un best-seller et accepte le projet. Les deux hommes se lient d’amitié, bien que McGinniss ait déclaré par la suite qu’il s’agissait juste d’une « relation de travail ». Il fond même en larmes quand MacDonald est condamné, menotté et emmené à la prison fédérale de Butner, et cela bien qu’il le pense coupable ! De sa cellule, MacDonald enregistre une trentaine de bandes magnétiques à l’intention de McGinniss et se met à correspondre avec lui. McGinniss publie finalement quatre ans plus tard Fatal vision. Un ouvrage de six cents pages de « non-fiction » où il dépeint MacDonald sous un angle qui lui déplaît tant que celui-ci décide de l’assigner en justice !

Le 23 novembre, trois mois après la fin du procès, les deux parties concluent un accord : « Sans reconnaître le moindre tort, McGinniss s’engagea à donner trois cent vingt-cinq mille dollars à MacDonald », explique Janet Malcolm. Laquelle a rencontré les différents protagonistes de l’affaire et tenté de décrypter ce qui a pu les réunir et ce qu’ils ont cherché à obtenir l’un et l’autre. Avec une grande précision, Le journaliste et l’assassin tente de faire la part entre la vérité et le mensonge. Des années après la parution du livre aux Etats-Unis, MacDonald clame toujours son innocence derrière les barreaux.

Al. F.

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