2016 a été une bonne année pour les essais et les documents. Derrière la fiction jeunesse (grands formats et poches), le top 100 des meilleures ventes du secteur représente un chiffre d’affaires de 111,3 millions d’euros contre 101,9 millions d’euros en 2015 (+ 8,5 %), avec 6 080 644 exemplaires vendus contre 5 982 900 en 2015 (+ 1,6 %). Quatorze titres, contre 7 en 2015, dépassent les 100 00 ventes dans un palmarès dominé pour la deuxième année consécutive par Le charme discret de l’intestin de l’Allemande Giulia Enders, le best-seller 2015 qui s’est encore vendu à 377 600 exemplaires en 2016, et par Trois amis en quête de sagesse de Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard (L’Iconoclaste/Allary), qui atteint 296 200 ventes. Jean d’Ormesson totalise quant à lui 318 000 ventes avec deux titres, Je dirai malgré tout que cette vie fut belle (5e) et le Guide des égarés (9e).
Le palmarès est avant tout politique. Au cours d’une année préélectorale, marquée par le succès de la primaire à droite, les hommes politiques se sont mis sur les rangs en s’appuyant sur le livre, allant parfois jusqu’à publier deux titres dans l’année comme Nicolas Sarkozy, qui totalise 251 600 ventes avec La France pour la vie et Tout pour la France (Plon), Philippe de Villiers, 139 00 avec Les cloches sonneront-elles encore demain ? et Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (Albin Michel), François Fillon, 100 300 avec Vaincre le totalitarisme islamique et Faire (Albin Michel), Alain Juppé, 68 158 avec Pour un Etat fort et Cinq ans pour l’emploi (Lattès). Emmanuel Macron a vendu 87 000 exemplaires de Révolution (XO) et Jean-Luc Mélenchon 81 700 de L’avenir en commun (Seuil).
Symptomatiquement, Un président ne devrait pas dire ça…, le livre d’entretiens de François Hollande avec les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Stock, 172 600), a pesé dans le débat au point de conduire le président de la République à renoncer à se représenter (voir encadré page 23). On le retrouve dans Conversations privées avec le Président d’Antonin André, chef du service politique d’Europe 1, et Karim Rissouli, chroniqueur à France 2 (Albin Michel, 27 932 ventes), et dans Un quinquennat pour rien, le bilan critique d’Eric Zemmour (Albin Michel, 71 100). D’autres personnalités du monde politique ont pris la parole sans être candidats comme Christiane Taubira, qui réalise un très beau score de 155 200 ventes avec Murmures à la jeunesse, ou Jean-Louis Debré avec Ce que je ne pouvais pas dire (118 900), suivis par Bruno Le Maire (Ne vous résignez pas !, 35 200) et Jacques Attali (100 jours pour que la France réussisse, 35 000). Sans oublier La face cachée du Quai d’Orsay de Vincent Jauvert (24 347). On a même assisté au retour de François Mitterrand, avec la publication posthume de ses Lettres à Anne, 1962-1995 (62 400 ventes).
Certains titres ont entretenu le souvenir des attentats de 2015, comme Vous n’aurez pas ma haine, le témoignage d’Antoine Leiris, qui a perdu sa femme dans la tuerie du Bataclan le 13 novembre (155 700 ventes), ou Souriez, vous êtes français ! (21 166), le livre posthume de Bernard Maris, décédé dans l’attentat contre Charlie Hebdo. Tandis que Gilles Kepel et Antoine Jardin analysent le djihadisme dans Terreur dans l’Hexagone (44 100 exemplaires vendus).
Trois courts textes coups de poing - Une colère noire : lettre à mon fils de Ta-Nehisi Coates, sur le racisme ; Bienvenue à Calais : les raisons de la colère de Marie-Françoise Colombani et Damien Roudeau, un reportage sur la "jungle" ; et Palmyre : l’irremplaçable trésor de Paul Veyne - témoignent de l’actualité brûlante de l’année. L’école reste aussi au centre des préoccupations, comme le montre le succès des Lois naturelles de l’enfant de Céline Alvarez (125 600 ventes), qui remet au goût du jour la pédagogie Montessori, et Calme et attentif comme une grenouille d’Eline Snel, paru en 2012 et qui s’est vendu à près de 100 000 exemplaires, tous deux aux Arènes.
Les autobiographies de Renaud Séchan (8e), Fabrice Luchini (13e), Mathias Malzieu (38e), Jean-Paul Belmondo (53e) et Sylvie Vartan (68e) apportent néanmoins une touche de légèreté à un palmarès 2016 somme toute très sérieux. C. C.