Déjà impérial dans Empire State (Calmann-Lévy 2006, repris en Folio policier) ou dans Brandebourg (Calmann-Lévy 2008, repris en Points), Henry Porter confirme tout le bien que l'on peut penser de lui avec Lumière de fin. Une merveille de finesse et d'efficacité où l'on essayera d'éclaircir la déchéance et la mort de David Eyam, célibataire de 43 ans. Ancien directeur exécutif du Joint Intelligence Committee, ex-employé du gouvernement ayant travaillé à Downing Street, celui qui passait pour être un intellectuel parmi les plus brillants de sa génération a été soufflé par une bombe, dans un quartier mal famé d'un port tropical, pendant des vacances prolongées.
Nombre de ses amis ne croient pas à la thèse de l'acte terroriste et pensent plutôt qu'il a été assassiné. Veuve d'un membre du Foreign Office, Kate Lockhart connaissait le défunt depuis l'université. Ils avaient été amants, étaient restés amis, même s'ils ne se voyaient plus guère. Avocate dans un cabinet juridique de New York après avoir émargé au Secret Intelligence Service, Kate se rend à l'enterrement. Elle y observe Darsh Darshan, prodige des mathématiques, ou le dénommé Peter Kilmartin, qui embaume le feu de bois. Veuf et ami du défunt lui aussi, il s'agit là d'un ancien des Affaires étrangères devenu l'émissaire spécial du Premier ministre en Asie centrale et dans le Caucase. Kilmartin vient d'être discrètement mandaté par ce dernier pour enquêter sur la disparition d'Eyam.
Un serviteur de l'Etat qui avait manifestement planifié ses obsèques et rédigé son testament. Qui avait décidé de faire de Kate sa principale légataire. Outre son cottage à la frontière anglo-galloise, il lui laisse un appartement à Londres, sa chère et vieille Bristol de 1974, toutes ses actions et épargnes. Un ensemble évalué à plus de trois millions et demi de livres... Aussi doué pour la psychologie que pour le suspense, Henry Porter pointe du doigt la folie du pouvoir et les dérives du monde contemporain. L'auteur d'Une vie d'espion (Balland 2003, repris en Folio policier) signe par la même occasion son livre le plus fort.