4 OCTOBRE - PHOTOGRAPHIE France

Collectionneur de photographies anciennes "exotiques", Frank Berzieri s'est spécialisé dans le Japon - à quoi il avait déjà consacré un bel album, Shashin (Phébus, 2009) - et l'Egypte. Voici donc Sûra, non moins bel album rassemblant les travaux de photographes, organisés en trois thèmes : "le rêve de modernité", "la magie des pyramides" et "à la rencontre de l'autre". Mais aussi ceux de voyageurs et-ou écrivains, souvent partis pour un "Grand tour" de l'Orient dont l'Egypte, alors province ottomane, ne constituait qu'une étape parmi d'autres. Et surtout ceux des premiers adeptes de l'égyptologie.

Un phénomène que Robert Solé a justement baptisé "une passion française » pour l'Egypte, laquelle a été réveillée par la campagne de Bonaparte, glorieuse en 1798, désastreuse ensuite, jusqu'à la retraite finale de 1801. Mais le conquérant, renonçant à son rêve alexandrin de "bouter les Anglois hors de l'Inde", voguait déjà vers son destin personnel. Même s'il ne se désintéressa jamais de l'Egypte, ainsi qu'en témoigne, dès sa création, le musée du Louvre avec Vivant Denon.

Sûra retrace à sa façon cette saga, mettant en regard textes des uns et des autres avec photographies d'époque, la plupart albuminées et traitées sépia, certaines même colorées à la main. Sachant que le premier cliché pris en Egypte remonte au 7 novembre 1839, dans le palais de Méhémet-Ali à Alexandrie, et en présence du pacha "moderniste" en personne, un Oriental fasciné par l'Occident - ce qui ne lui attirera pas que des avantages.

Tandis qu'Alexandrie la cosmopolite se "globalisait", Le Caire demeurait une ville arabe, plus populaire, plus authentique, comme a fortiori les campagnes dont on voit quelques fellahs saisis dans leur quotidien, et non posant sur des clichés "orientalistes". On la découvre un peu ici, cette Egypte profonde et émouvante, ce pays rural et traditionaliste - depuis le temps des pharaons.

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