24 mars > BD Espagne > Antonio Altarriba

Une vie sous Franco

Antonio Altarriba et Kim/DEnoël Graphic

Une vie sous Franco

Antonio Altarriba brosse avec Kim la trajectoire de sa mère, et un tableau oppressant de l’Espagne franquiste.

Par Fabrice Piault
Créé le 11.03.2016 à 01h00 ,
Mis à jour le 21.03.2016 à 19h08

Petra a eu le bras cassé à la naissance, à laquelle sa mère n’a pas survécu. Fou de colère et de chagrin, son père a failli la tuer. Elle a été élevée à la dure dans un petit village de Castille, prenant soin de son père dépressif et brutal. Elle a été maltraitée et violée avant de rejoindre Saragosse, où elle entre au service du gouverneur militaire, puis se marie. Dans un récit porté par des dialogues tirés au cordeau et les dessins précis de Kim, Antonio Altarriba suit, après celle de son père dans l’étonnant L’art de voler (Denoël Graphic, 2011, voir LH 858, du 25.3.2011), la trajectoire de sa mère.

Cette femme craintive, à la fois positive et austère jusqu’à la froideur, est marquée par son dégoût des hommes et une piété profonde. Les quatre séquences du livre correspondent aux quatre hommes qui ont jalonné, de 1918 à 1998, son existence dans une Espagne profondément machiste. Ces tranches de vie aux côtés d’un père imprévisible et probablement alcoolique, d’un général royaliste opposant à Franco, d’un mari anarchiste et enfin d’un ami attentionné dans sa maison de retraite révèlent les meurtrissures de la guerre civile comme les tensions sociales, culturelles et politiques propres à l’Espagne franquiste. Sous des dehors banals, la vie de Petra devient une formidable épopée. Fabrice Piault


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