Le stand Electre-Livres Hebdo.- Photo OLIVIER DION

Sujet de préoccupation majeure, la question de l'avenir de la librairie a une nouvelle fois mobilisé libraires et éditeurs. Dans le prolongement des Rencontres qui se sont tenues à Lyon en mai 2011, le Syndicat de la librairie française (SLF) a organisé lundi 19 mars une table ronde intitulée "L'urgence en librairie, quelles réponses ?" qui a attiré plus de 450 professionnels. Certains libraires ont même délaissé leur stand pour venir assister au débat, délaissant les rendez-vous traditionnellement organisés au salon avec les commerciaux de l'édition.

Alain Julien Rudefoucauld dont Le dernier contingent a reçu le 7e prix France Culture-Télérama pendant le Salon.- Photo OLIVIER DION

Leur intérêt était, il est vrai, à la hauteur des enjeux et de la qualité des intervenants, à savoir Aurélie Filippetti (députée PS, responsable culture, audiovisuel, médias dans l'équipe de campagne de François Hollande), Hervé Gaymard (député UMP), Olivier Bétourné (P-DG du Seuil), Antoine Gallimard (P-DG de Gallimard et président du Syndicat national de l'édition), Teresa Cremisi (P-DG de Flammarion), Alain Kouck (P-DG d'Editis), Francis Lang (directeur commercial d'Hachette Livre) et Matthieu de Montchalin (patron de L'Armitière à Rouen et président du SLF).

François Busnel avec l'historien et éditeur Fabrice d'Almeida.- Photo OLIVIER DION

Au-delà de la présentation des premières mesures économiques et commerciales prises par les diffuseurs dans la foulée de la manifestation de Lyon, la rencontre a surtout concerné les perspectives d'avenir et les 12 propositions soumises par le SLF aux candidats à l'élection présidentielle. La protection des loyers, le renforcement des moyens du CNL, l'incitation des jeunes à la lecture, mais aussi, à l'échelle de l'interprofession, la baisse des retours, ont été mis en avant comme autant de mesures indispensables au maintien d'un réseau dense de librairies.

AMAZON VISÉ

Ci-dessus : sur le stand de Gallica, manipulation à distance d'un écran façon Kinect.- Photo OLIVIER DION

Toutefois, la présence d'Aurélie Filippetti et celle d'Hervé Gaymard ont aussi permis d'aborder les questions de réglementation pour remettre de l'équité entre tous les acteurs vendant des livres en France, quelle que soit leur nationalité. Bien que son nom n'ait guère été prononcé, l'entreprise Amazon, qui ne facture pas les frais de port et est soumise à la fiscalité - bien plus favorable - du Luxembourg où la holding européenne est implantée, était clairement visée.

Dans un décor de cartons découpés, l'exposition consacrée aux nouvelles architectures des bibliothèques. - Photo OLIVIER DION

Hervé Gaymard a appelé de ses voeux une "intervention législative » pour interdire la gratuité du port ainsi qu'une "police qui contrôle la bonne application de la loi sur le prix unique ». Aurélie Filippetti a proposé de "fonder la fiscalité sur le chiffre d'affaires réel réalisé sur le sol français et non sur le nombre de salariés ou sur tout autre critère ». Dans le même temps, elle a évoqué la nécessité d'"aider les acteurs français à développer leur plateforme » et a appelé au "rétablissement d'une direction du livre et de la lecture forte ».

Le marché des droits de la Scelf plein à craquer.- Photo OLIVIER DION

Suggérant l'instauration d'"une loi globale sur l'avenir du livre et de la librairie », Hervé Gaymard a par ailleurs avancé l'idée d'une suppression des 5 % de rabais autorisés par la loi Lang. Ce qui n'a pas fait l'unanimité dans la tribune. Teresa Cremisi s'est notamment inquiétée des risques de fragilisation de la loi sur le prix unique du livre. Dans la salle, la libraire Laurence Zimmermann (Tache d'encre à Rive-de-Gier, Loire) a réagi en soulignant l'ignorance du public sur l'existence de cette loi, réclamant "une grande campagne nationale » qui permettrait à tout le monde de savoir que le prix des livres est le même partout. Enfin, dans le cadre de son intervention, Matthieu de Montchalin a attiré l'attention sur le rapport remis au ministre de la Culture par la commission chargée de la Mission sur l'avenir de la librairie, à laquelle il a participé. Parmi les 13 mesures proposées par le rapport (lire article p. 48), il a pointé celles qui préconisent l'établissement "d'une taxe sur les achats, calculée à partir des lignes de commandes passées à Dilicom », afin de créer un fonds d'aide pour les librairies indépendantes confrontées à des difficultés conjoncturelles. En tant que président du SLF, il a aussi rappelé sa détermination à prolonger le travail engagé avec les diffuseurs, les éditeurs et les pouvoirs publics pour assurer l'avenir de la profession.

LE DISCOURS DU MINISTRE

Conscient de l'urgence à mettre en place des solutions efficaces, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a décidé de faire son allocution, initialement prévue jeudi lors de l'inauguration, à la fin de la table ronde organisée par le SLF. Au-delà du bilan de son mandat, il a lui aussi salué le travail de la mission qui "aborde la quasi-totalité des propositions faites par le SLF à l'occasion de la campagne pour les élections présidentielles ».

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