3 avril > roman France

Antonin Varenne- Photo DR/ALBIN MICHEL

On ne peut que souhaiter à Antonin Varenne de rencontrer un succès similaire à celui de Pierre Lemaitre. Les deux écrivains ont tous deux fait leurs premières armes dans le roman noir. Chez Viviane Hamy, Varenne a été remarqué avec Fakirs (2009, repris en Points) et avec Le Mur, le kabyle et le marin (2011, repris en Points). Le voici qui rejoint Albin Michel avec Trois mille chevaux vapeur. Un puissant roman d’aventures où il questionne à nouveau le rapport des hommes à la violence.

On voyagera d’abord jusqu’en Birmanie. En 1852, Lord Dalhonsie, gouverneur général des Indes, a déclaré la guerre au roi des Birmans. Tous les régiments sont mobilisés. Le sergent Arthur Bowman a douze ans de service derrière lui. Le héros de Varenne s’est battu en Afrique et dans le Panjab, il a donné l’assaut avec sabre et baïonnette. Avec la première compagnie armée de la présidence de Madras, il navigue sur le fleuve avant que n’arrive la mousson et doit lutter contre une puanteur de plus en plus tenace.

Arthur Bowman est un homme qui obéit et se fait obéir, carbure au gin Gordon’s et ne se sépare pas de son poignard afghan. Un soldat qui pense qu’une "bagarre, c’est comme une guerre : faut connaître le vainqueur pour savoir qui avait raison de se lancer dedans". Bowman est choisi par le capitaine Wright pour une mission alors que le reste des troupes se dirige vers Rangoon. Avec dix hommes - Colins, Penders, Peevish et les autres - il doit remonter l’estuaire d’Irrawaddy. Négocier des armes espagnoles, intercepter le bateau de l’ambassadeur. Sauf qu’ils échouent sur la berge et se retrouvent prisonniers dans des cages au milieu de la forêt…

Bowman réapparaît pour les lecteurs, happés et conquis de Trois mille chevaux vapeur en 1858, à Londres, dans une ville plongée dans une atmosphère de tension et d’inactivité. Le corps bardé de cicatrices, la gueule de travers et une main aux doigts coupés, Bowman a la réputation de ne pas être un dur mais un danger. Il a endossé l’uniforme de la police, fréquente une fumerie d’opium. Chaque nuit, il fait plus de cauchemars que de rêves. Chaque jour, il lui faut chasser les fantômes et la folie, échapper aux crises d’épilepsie. Des morts, il en verra encore. Et se réveille même inconscient dans un égout à côté d’un cadavre, persuadé que le meurtrier était prisonnier comme lui dans la jungle.

L’affaire est loin d’être terminée… Avec une rare aisance, Antonin Varenne entraîne Bowman dans une quête de la vérité qui l’amènera à monter à bord d’un navire de la Cunard pour se rendre dans le Nouveau Monde. La puissance narrative de Varenne emporte tout sur son passage, lecteurs compris. On ne sait si Trois mille chevaux vapeur aura le prix Goncourt. Parions juste qu’il sera l’un des best-sellers de l’été. Al. F.

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