28 août > BD France

Délaissant ses héroïnes fétiches, et notamment la belle aventurière Jeanne Picquigny, voici Fred Bernard les pieds dans la vigne et la tête dans les souvenirs d’enfance. L’auteur de La tendresse des crocodiles, de L’ivresse du poulpe ou de La patience du tigre, chez Casterman, change radicalement de registre. Par son sujet, son nouvel album évoque le best-seller d’Etienne Davodeau, Les ignorants (Futuropolis, 2011). Mais là où Davodeau avait fait une force de sa méconnaissance des métiers de la vigne, auxquels il initiait ses lecteurs au rythme où il les découvrait lui-même, en Anjou, Fred Bernard est tombé dans le vignoble quand il était petit, en Bourgogne où son grand-père et son arrière-grand-père étaient vignerons. Il s’appuie sur cette expérience intime pour agréger de multiples anecdotes et composer une ode atypique, personnelle et chaleureuse au vin.

Des conversations avec son grand-père, nonagénaire pittoresque, raisonnablement bourru mais aussi mélomane, constituent le fil conducteur de l’album. Fred Bernard, qui a adopté pour l’occasion un style moins léché et un trait plus spontané, faisant plus de place au texte, variant la structure de ses planches en fonction du propos et introduisant la couleur, retrace des promenades émouvantes dans le vignoble de Savigny-lès-Beaune. On y apprend que l’ancêtre a ingurgité au cours de sa vie quelque 40 000 bouteilles « sans compter les apéros », ou les origines du crémant de Bourgogne. Mais d’autres histoires et souvenirs personnels viennent s’intercaler, ainsi que quelques photos et des extraits d’un texte original de l’écrivain et journaliste italien Edmondo De Amicis (1846-1908) sur « les effets psychologiques du vin ». Ils contribuent à faire de ces chroniques un ensemble plein de sensibilité et d’humour.

Fabrice Piault

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