C'est dans la petite camionnette blanche avec laquelle il faisait régulièrement le trajet entre Lausanne et Paris que Vladimir Dimitrijevic a trouvé une mort accidentelle le 28 juin (1).
A 77 ans, Vladimir Dimitrijevic laisse une maison d'édition, L'Age d'homme, qu'il a animée avec une passion étendue à tous les métiers du livre : il fut éditeur, libraire, diffuseur, et même auteur. C'est en 1954, après avoir fui Belgrade, que Dimitri, comme l'appelaient ses amis, s'installe en Suisse et exerce différents métiers. En 1966, il fonde L'Age d'homme, avec l'ambition de faire connaître les littératures de l'Est, et qu'il ouvrira aux autres littératures pour constituer un catalogue de près de 4 500 titres. On y trouve aussi bien les noms de Vassili Grossman, Alexandre Zinoviev, Andréi Biély ou Dostoïevski que Georges Haldas, Ramuz ou Pierre Gripari. Il coéditera plusieurs livres avec Bernard de Fallois, tout d'abord chez Julliard, puis aux éditions Bernard de Fallois.
Exigeant dans ses moindres choix littéraires, Vladimir Dimitrijevic l'était également dans ses engagements personnels. Dimitri, le Serbe, l'homme entier et passionné, publiera des textes engagés pendant la guerre de Yougoslavie, qui coûteront à la maison une vraie traversée du désert. Mais cette personnalité romanesque, cet homme déchiré que Bernard de Fallois qualifie de "type héroïque", a poursui son chemin avec une infatigable curiosité.
Sa fille Andonia Dimitrijevic, 28 ans, qui travaillait à ses côtés depuis 1998, prend cette relève difficile. La maison, qui se prépare à célébrer ses 45 ans le 26 novembre dans la mairie du 6e arrondissement de Paris, a plusieurs projets de livres liés à Dimitri. Tout d'abord, un recueil d'hommages, Notre Dimitri, regroupera une quinzaine de contributions de proches. Puis ce sera, entre autres, un ouvrage d'entretiens et un volume de la collection "Les dossiers H".
(1) Voir Livreshebdo.fr, actualité du 29.7.2011.