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30 ans des éditions Hervé Chopin : « Nous croyons dans chaque titre que nous publions »

Hervé et Isabelle Chopin - Photo Éditions Hervé Chopin

30 ans des éditions Hervé Chopin : « Nous croyons dans chaque titre que nous publions »

Les éditions Hervé Chopin, créées en 1994, fêtent cette année leurs 30 ans. L’occasion pour ses fondateurs de revenir sur la création et l’histoire de cette maison, aujourd’hui basée à Bordeaux, entre littérature et beaux-livres illustrés. 

 

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Par Adèle Buijtenhuijs, Elodie Carreira
Créé le 10.10.2024 à 17h44 ,
Mis à jour le 10.10.2024 à 22h18

Livres Hebdo : Hervé Chopin fête ses 30 ans cette année. Pouvez-vous revenir sur l’histoire des éditions et de la création de la maison ?

Hervé Chopin : À vrai dire, il y a eu deux créations : l’une en 1994, lorsque j’ai créé la société (en parallèle d’une activité d’indépendant pour d’autres maisons) et l’autre en 2004, la plus officielle, lorsqu’Isabelle m’a rejoint et que nous nous sommes lancés à 100%.

Isabelle Chopin : En 2004, nous avons lancé notre première collection « Images d’Antan » qui compte aujourd’hui 150 titres, avec quatre à cinq nouveautés par an. Le principe est de mettre en avant les villes et les régions de France et du monde à travers des cartes postales anciennes. On retrouve également des thèmes transversaux, autour de la montagne, des paysans, mais aussi de la mer avec Olivier de Kersauson ou du Tour de France avec Jacques Chancel. C’est une collection assez magique, adressée à tout le monde et qui ne se démode pas.

« Nous avons plaisir à trouver des concepts un peu novateurs »

Quelles sont les autres collections qui mettent à l’honneur l’illustré ?

H.C. : Nous avons une collection autour des monuments historiques, en collaboration avec les DRAC de différentes régions. Par ailleurs, au-delà du fait que les paysages ont changé, nous avons récemment ressuscité une collection « Vu du ciel » car notre rapport à l’image et à la photographie aérienne a également changé avec l’arrivée des drones.

I.C. : Nous avons plaisir à trouver des concepts un peu novateurs autour du régionalisme, de l’art, de la culture et du patrimoine. En 2020, nous avons lancé la collection « Instantanés » ; des livres illustrés par des photos de villes ou de régions, sélectionnées sur Instagram. En effet, il y a énormément de photos qui circulent sur les réseaux et c’est là où les gens qui aiment leur région postent les choses les plus étonnantes. Chaque livre compte en moyenne 250 photos et résulte d’un important travail de recherche. Le rendu fonctionne très bien et Marseille instantanés s’est écoulé à plus 10 000 exemplaires. Le dernier livre publié dans cette collection est Paris Instantanés paru en mai dernier, avant les Jeux olympiques.

Vous êtes le « premier éditeur de beaux-livres aux Antilles ». Quels sont vos liens avec l’archipel ?

H.C. : Ma sœur est photographe-graphiste et s’est installée en Martinique dans les années 1990. Les premiers livres que nous avons publiés, entre 1994 et 2004, l’ont été là-bas. Nous y avons pris une place de plus en plus importante et continuons de travailler avec les collectivités et acteurs locaux. Récemment, nous avons été sollicités par le gouvernement béninois pour publier le catalogue d’exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin » qui a été présentée en Martinique l’an dernier et qui se tient désormais à la Conciergerie à Paris, du 4 octobre au 5 janvier 2025.

La littérature depuis 2010

En 2010, la maison prend une tout autre tournure avec l’introduction d’une collection de littérature.

I.C. : La littérature était une espèce de fantasme. Au début, nous avons voulu être cohérents en publiant du roman historique avec la série Les Borgia.

H.C. : La saga est sortie six mois avant la série télévisée à succès de Canal +. Résultat : le premier titre s’est écoulé́ à 13 000 exemplaires et le deuxième à 9 000.

I.C. : En 2012, nous avons publié le journaliste portugais José Rodrigues dos Santos que nous avions découvert un an auparavant à Francfort. Son livre, La Formule de Dieu, a été un véritable best-seller. Il nous a propulsés et ce fut une année très intense. Chaque titre de José se vend d’ailleurs toujours très bien, entre 20 000 et 40 000 exemplaires.

H.C. : Comme beaucoup d’auteurs, José nous est fidèle. Nous avons choisi de ne pas publier plus de dix titres par an en littérature, ce qui nous permet d’entretenir nos relations avec chacun d’entre eux. Et nous continuons de suivre des auteurs dont les ventes sont encore timides parce que nous sommes convaincus que leur talent finira par être reconnu. Et c’est un luxe ! Nous n’avons jamais travaillé́ dans de grands groupes d’édition, alors nous avons inventé notre façon de travailler. Elle est parfois un peu idéaliste, mais elle fonctionne toujours 30 ans après !

Avec le temps, vous vous êtes un peu éloignés de la ligne éditoriale originelle. Comment définiriez-vous celle qui se déploie aujourd’hui ?

I.C. : En réalité, avec José, nous avions davantage affaire à un polar historico-scientifique. Chaque rencontre qui a suivi nous a amenés à faire des circonvolutions en flirtant avec l’imaginaire, la blanche. Mais nous avons tout de même bien creusé le sillon du polar avec des auteurs comme Paul Colize, Christian Carayon ou Michel Moatti. Chaque titre que nous publions est pour nous un best-seller potentiel ! En fin de compte, il faut être un peu joueur.

H.C. : Là encore, nous avons ce luxe de fonctionner au coup de cœur. Nous avons la chance que 90 % de nos grands formats passent en poche, beaucoup chez Pocket pour nos synergies avec Interforum, mais aussi chez Point, Folio, J’ai Lu ou chez 10/18.

Que peut-on attendre des Éditions Hervé Chopin pour l’année 2025 ?

H.C. : En littérature, nous souhaitons poursuivre le sillon creusé tout en continuant de maîtriser notre production. Concernant l’illustré, nous allons développer de nouvelles collections, mais c’est un peu tôt pour en parler. Nous avons aussi des œuvres un peu hors collection. L’année prochaine sera celle du peintre Paul Cézanne, père de la modernité. Pour l’occasion, nous avons un projet passionnant autour de Château Noir, près d’Aix-en-Provence. Un lieu à l’aura mystique et qui continue d’attirer de grands artistes et penseurs.

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