Devant le succès du romancier, on a tendance à oublier que Michel Houellebecq est aussi, et peut-être d'abord, un poète. « La poésie est fondatrice chez lui, c'est par là que tout a commencé », rappelle la chercheuse Agathe Novak-Lechevalier. « Les poèmes parlent tout seuls... On m'y voit plus que dans les romans », confiait l'auteur lui-même en 2013 au micro de Sophie Nauleau sur France Culture, peu avant la parution de son dernier recueil de poésie, Configuration du dernier rivage (Flammarion). C'est dans La Nouvelle Revue de Paris, dirigée par Michel Bulteau au Rocher, que l'écrivain publie ses premiers vers en 1985. Son recueil Rester vivant (La Différence, 1991), qui paraît la même année que son essai consacré à H. P. Lovecraft (Rocher), suscitera l'attention de quelques critiques comme Jérôme Leroy, qui écrit dans Le Quotidien de Paris : « Précision, lucidité et émotion font de Rester vivant un véritable vade-mecum de la sensibilité contemporaine. » La reconnaissance viendra avec La poursuite du bonheur (La Différence, 1992), qui obtient le prix Tristan-Tzara, et Le sens du combat (Flammarion, 1996), couronné par le prix de Flore.

Une œuvre graphique signée par l'écrivain, dans la même exposition.- Photo PALAIS DE TOKYO/MICHEL HOULLEBECQ

Michel Houellebecq fait de ses poèmes des lectures sur scène, accompagné notamment par Jean-Jacques Birgé. Il se produira même à l'Olympia en novembre 2000 à l'occasion d'une tournée française pour son album Présence humaine, dans lequel il chante certains de ses textes sur une musique de Bertrand Burgalat, le fondateur du label Tricatel. C'est donc sa poésie qui propulse Michel Houellebecq en rock star désillusionnée, d'autant qu'il sera la muse d'Iggy Pop pour son album Préliminaire (2009) et celle de Jean-Louis Aubert dans Aubert chante Houellebecq : Les parages du vide (2014). « Michel Houellebecq a trouvé différentes manières de prolonger sa vocation poétique initiale ; sur scène, dans ses photographies et peut-être même dans ses expériences d'acteur où sa figure de clown triste a indéniablement quelque chose de poétique », estime Agathe Novak-Lechevalier. P. L.

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