Le départ de Jean-François Colosimo à la fin juin de la présidence du Centre national du livre (CNL) a provoqué le gel du versement des aides à la librairie annoncées par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. Cet organisme aurait dû verser, en juillet, 4 millions d’euros à l’Association pour le développement de la librairie de création (Adelc) afin de renforcer le dispositif d’aide à la transmission des entreprises, et, courant octobre, 5 millions à l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic) en vue d’instaurer un fonds d’avance en trésorerie. Il est également prévu qu’il double, à 4,5 millions, son budget de 2014 d’intervention auprès des librairies. Rien n’a été fait. Mais rien n’est remis en cause, affirme Xavier Bredin, qui assure l’intérim à la tête du CNL en attendant la prise de fonction du nouveau président, Vincent Monadé, prévue le 25 octobre. « Le retard des versements est lié à des aspects purement administratifs. Il fallait un président au CNL pour que se tiennent les conseils d’administration qui acteront les mesures annoncées. Avec l’arrivée de Vincent Monadé, on peut penser que la délibération sur les aides à l’Adelc et à l’Ifcic pourra avoir lieu dès début novembre. »
De leur côté, les libraires ne manifestent ni inquiétude ni impatience particulière. Il est vrai que la fin d’année est une période plutôt favorable pour leur trésorerie. En outre, même sans sa nouvelle dotation, l’Adelc poursuit son travail de soutien. Au Syndicat de la librairie française (SLF), on explique que le délai de financement de l’Ifcic a été mis à profit pour définir et rendre opérationnels dès la fin de l’année les dispositifs permettant aux libraires de solliciter un crédit sur la base d’un formulaire simplifié.
En fait, dans le plan d’aide à la librairie, ce sont plutôt les 7 millions d’euros que doivent apporter en 2014 les éditeurs, sous forme de contributions volontaires, qui posent question. Cette somme gérée par l’Adelc et destinée à la restructuration des fonds de roulement des librairies reste « un objectif », assure Christine de Mazières, directrice générale du Syndicat national de l’édition. Mais si les éditeurs n’ont pas lié leurs dons à la baisse de TVA de 5,5 % à 5 %, certains libraires s’inquiètent des conséquences que pourrait avoir sur ces derniers la remise en cause de la baisse fiscale (lire brève ci-contre).
Clarisse Normand