Après
Annie Ernaux sur France Inter, c'est au tour d'Alain Damasio de mener la charge contre le gouvernement, dans un entretien accordé, le 1er avril, au journal
Libération. L'écrivain de science-fiction, auteur de
La horde du contrevent (La Volte, 2004) et des
Furtifs (La Volte, 2019), critique la logique qui a mené au confinement, "
une aberration qui démontre notre degré d'impréparation sanitaire, notre incapacité à prévenir, tester, soigner".
"
Est-ce que ces pratiques ultra-disciplinaires, […]
prises dans la pseudo-panique bien comprise pour se donner avant tout les mains libres, sont nécessaires pour contenir la pandémie ? Utiles sans doute. Indispensables ? Absolument pas", assène le romancier. Ce dernier dresse un parallèle entre les mesures d'urgence prises par le gouvernement Philippe et la série de lois antiterroristes votées depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, qui ont imposé "
un continuum de régression drastique de nos libertés au nom d’une urgence supposée de la menace".
« L’urgence ou la panique »
L'écrivain, qui anticipe dans
Les furtifs un monde dystopique où la technologie et les interfaces emprisonnent l'esprit, estime que "
la médecine n’est pas, ou ne devrait pas être, un travail de police". "
Pour moi, aucune épidémie, aucune cause de mortalité, surtout si peu létale en réalité que le Covid, ne justifiera jamais qu’on en prenne alibi pour détruire nos libertés fondamentales. L’urgence ou la panique ne justifient rien ni personne. Elles devraient au contraire appeler au discernement, au recul, à la sobriété juridique", estime Alain Damasio.
L'auteur de la
Zone du dehors (Cylibris, 1999) pense que le discours du gouvernement de "
mise en scène de l'anxiété" est "
une stratégie classique pour faire avaler le tout sécuritaire". Pourtant, juge l'écrivain, "
après avoir frappé, blessé et mutilé des milliers de personnes en 2019, la police n’a pas à déterminer en 2020 qui peut sortir, qui peut bouger, jusqu’où et comment. Elle n’a pas à être le bras armé d’une incompétence sanitaire massive."