Alain Kouck est P-DG d’Editis.

Le différend qui oppose des éditeurs à Amazon aux Etats-Unis et en Allemagne est-il un simple conflit commercial ou a-t-il une portée plus large pour l’avenir?de l’édition ??

Alain Kouck- Photo O. DION

Les deux sont en jeu. Il s’agit d’une négociation commerciale, et, sur cet aspect-là, je n’ai pas de commentaire à faire. D’autant que nous n’avons pas d’informations sur un différend qui se passe aux Etats-Unis. Bien sûr, la stratégie d’Amazon impactera aussi plus largement le secteur du livre en Europe et en France. Nous sommes aujourd’hui face à un tournant majeur : désormais, le lecteur-consommateur est au centre et l’avenir du secteur passera aussi par lui. C’est lui qui choisit d’acheter un livre en librairie ou sur Internet, de lire sur papier ou sur tablette, qui arbitre en fonction du prix et demain des réseaux sociaux.

Dans quelle mesure la France est-elle concernée ?

Grâce à la loi sur le prix unique du livre, la France n’est pas pour l’instant en première ligne. Mais nous savons que des changements sont inéluctables et qu’on reviendra difficilement sur les nouveaux services proposés aux lecteurs par les marchands en ligne. Il ne faut pas perdre de vue, cependant, que le rôle de l’édition est de permettre la rémunération des auteurs.

Que peuvent faire les éditeurs français pour résister aux visées hégémoniques d’Amazon ?

Tout doit être fait pour éviter l’installation de monopoles. Il est urgent de créer des alternatives dans le domaine du commerce électronique. Et il faut peser sur Bruxelles pour que tout le monde soit à égalité dans ce domaine. Une TVA unique pour le livre papier et numérique est déjà un préalable. Mais cela passe aussi par une action commune des différents acteurs du monde du livre. C’est tous ensemble que nous devons créer ces alternatives.

Propos recueillis par C. F.

15.04 2015

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