Amazon déclare un chiffre d'affaires de 3,8 milliards d'euros au Luxembourg, mais annonce une activité bien moindre sur chacun de ses principaux marchés nationaux en Europe, selon une étude commandée par la commission des finances du Sénat, communiquée à la suite d'une table ronde organisée le mercredi 7 avril par cette assemblée.
Selon le tableau publié par la société Greenwich Consulting dans cette étude sur L'impact du développement d'Internet sur les finances de l'Etat (voir PDF joint), Amazon déclare en France un CA de 25 millions d'euros, mais réalise en fait un volume d'activité de 930 millions d'euros.
La ventilation de ce chiffre d'affaires entre les différentes activités (livre, musique, DVD, électronique, etc.) n'est pas précisée.
Le chiffre d'affaires des filiales françaises, qui emploient au total 318 personnes, essentiellement sur la plateforme d'expédition du Loiret, correspond à des “des prestations de services logistiques, rémunérées par la holding luxembourgeoise”, explique le rapport de Greenwich Consulting.
Toutes les commandes effectuées sur amazon.fr sont facturées et encaissées par Amazon eu SARL, la succursale luxembourgeoise du site américain de commerce sur Internet.
Le tableau détaille aussi les activités des autres branches nationales d'Amazon en Europe : en Allemagne, premier marché européen, l'entreprise réaliserait 1,79 milliard d'euros de CA, pour 67 millions d'euros déclarés dans le pays ; au Royaume-Uni, l'activité du groupe atteindrait 820 millions d'euros, pour 105 millions d'euros déclarés.
Amazon consolide ses recettes au Luxembourg pour des raisons fiscales, ce qui a fini par irriter les gouvernements des autres pays en raison du manque à gagner qui en résulte en terme de perception d'impôts.
Une enquête fiscale en Europe
Depuis près de deux ans, l'entreprise fait l'objet d'une enquête fiscale en Europe, ainsi qu'elle l'indique dans les éditions successives de son rapport annuel, tout en soulignant qu'elle en conteste les raisons.
Aucun représentant d'Amazon n'a pu être joint à propos des informations la concernant dans cette étude.
Le groupe n'était pas non plus représenté à la table ronde du Sénat, où étaient invités divers responsables d'entreprises Internet, dont ceux de Google, également mis en cause pour son usage optimisé des différentes fiscalités européennes.
Le moteur de recherche annonce moins de 30 millions de volume d'affaires en France, correspondant à des prestations de services payés par la holding irlandaise, où est consolidé le chiffre d'affaires européen.
