Avant qu'elle n'adapte en bande dessinée, avec Olivier Bocquet aux scénario, trois romans de Camilla Läckberg, Léonie Bischoff s'était fait remarquer par les couleurs fortes et contrastées de Hoodoo darlin' (Casterman 2013). Sept ans plus tard, l'auteure suisse installée à Bruxelles en prend l'exact contrepied. Si le traitement de la couleur reste au cœur de son travail pour évoquer les origines de la vocation littéraire d'Anaïs Nin, il ne se traduit plus en pleins et en à-plats, qui font cette fois la part belle au blancs, mais en traits qui ne cessent de changer de teinte dans le cours même de leur mouvement.

Du bleu au vert, du rouge à l'orangé, du rose à l'indigo, comme porté par un crayon multicolore, le trait de Léonie Bischoff se transforme à l'envi pour épouser les humeurs changeantes et les désirs de la jeune écrivaine qui, installée avec son mari banquier et poète contrarié à Louveciennes, dans la banlieue ouest de Paris, va affiner son propos et son style au contact intellectuel et intime d'Henry Miller et de son épouse, June. Distillant une sensualité calculée, Léonie Bischoff livre certes une (tranche de) biographie, mais surtout un roman de formation, joyeux et troublant à la fois.