Livres Hebdo : Le Chevalier aux épines marque le grand retour de Jean-Philippe dans l’univers du Vieux royaume. Comment avez-vous préparé cet événement aux Moutons électriques ?
André-François Ruaud : Nous avons la chance d’avoir en Jean-Philippe Jaworski un auteur à la notoriété bien établie et dont les livres se vendent très bien. Ce n’est pas toujours évident pour un petit éditeur, en particulier dans le contexte actuel de hausse des coûts de production. Nous avions réservé depuis longtemps le papier pour ce livre avec un premier tirage prévu à 15 000 exemplaires. Notre nouveau diffuseur-distributeur Hachette, qui nous accompagne depuis le début de l’année, nous a poussés à tirer davantage et nous sommes donc montés à 17 000, avec une première mise en place de 9 500 exemplaires. Mais nous n’aurions pas pu aller beaucoup plus haut, ne serait-ce que pour des questions de disponibilité du papier.
En quoi la situation diffère-t-elle de l’époque où vous publiiez les premiers livres de Jean-Philippe Jaworski ?
A.-F. R. : Le succès de Gagner la guerre s’est construit par le bouche-à-oreille. Notre diffuseur de l’époque ne croyait pas en ce livre et nous avait demandé de faire un seul tome quand nous en aurions préféré deux. La première mise en place avait été de seulement de 850 exemplaires. Malgré ce mauvais départ, les libraires et les lecteurs se sont très vite emparés du livre. Nous avons aussi trouvé en Pascal Godbillon, responsable de la collection Folio SF, un partenaire précieux qui a tout de suite cru en Jean-Philippe Jaworski et a acheté les droits alors qu’il était encore inconnu.
Que représente Jean-Philippe Jaworski dans votre activité ?
A.-F. R. : Notre chiffre d’affaires se répartit grossièrement en trois tiers, dont l’un est composé des ventes des livres de Jean-Philippe Jaworski et Stefan Platteau, un deuxième tiers par nos beaux-livres et le dernier tiers par le reste de notre production. Au total, les livres de Jean-Philippe Jaworski représentent plus de 250 000 exemplaires vendus (grand format et poche chez Folio SF) contre environ 90 000 pour Stefan Platteau avec les poches chez J’ai Lu.
Le 2e tome du Chevalier aux épines est annoncé pour juin et le 3e pour début 2024. Comment le travail d’écriture s’organise-t-il ?
A.-F. R. : Jean-Philippe Jaworski a récemment décidé de se consacrer à plein temps à l’écriture. Pour l’accompagner, nous avons décidé de le mensualiser sous forme d’avance sur la base d’une projection annuelle de la reddition des comptes. C’est plus confortable pour lui et cela lui permet d’assumer ce rythme plus soutenu. Le 2e tome du Chevalier aux épines, qui s’intitule Le conte de l’assassin et dans lequel on retrouve don Benvenuto, le héros de Gagner la guerre, est terminé depuis longtemps et la rédaction du 3e est déjà bien avancée.
Tous les grands formats ayant pour cadre le Vieux royaume se caractérisent par une sobriété des couvertures qui tranche avec les codes de la fantasy.
A.-F. R. : Vendrions-nous autant Jean-Philippe Jaworski avec des couvertures plus marquées fantasy ? C’est une question non résolue, mais comme il est l’un de nos rares auteurs à dépasser le lectorat geek, nous avons ce parti pris de le positionner comme tel, avec des couvertures davantage susceptibles de toucher le grand public.
Une adaptation de l’œuvre de Jean-Philippe Jaworski est-elle à l’ordre du jour ?
A.-F. R. : Comment le dire prudemment ? Nous avons vendu des droits à quatre producteurs pour trois de nos auteurs, dont Jean-Philippe Jaworski, mais il ne s’agit que d’options. Il est trop tôt pour dire si cela aboutira.
