C'est l'histoire de deux jeunes femmes, deux sœurs, Flipette et Vénère comme l'annonce le titre de ce premier album de Lucrèce Andreae. Flipette, c'est Clara, une photographe qui se cherche, une blonde à cheveux courts. Ainsi que son surnom le suggère, cette timide s'effraie facilement du monde qui l'entoure. Vénère - Axelle -, est, elle, avec ses longs cheveux noirs, une rebelle, perpétuellement en colère, d'autant plus ces jours-ci où elle est immobilisée, contrainte de se déplacer en chaise roulante avec sa jambe plâtrée à la suite d'un accident de scooter. Très différentes et même en froid, ces deux polarités opposées ne se fréquentent guère. Pourtant le handicap d'Axelle conduit Clara à séjourner quelques jours avec sa sœur pour l'aider dans son quotidien

Pour Clara, ce n'est pas une sinécure. Elle doit subir l'agressivité, l'ironie voire le mépris de sa sœur, y compris en public. Mais elle éprouve aussi de la curiosité pour le milieu qu'elle fréquente, mélange de marginaux, de squatters, de SDF et de militants plus ou moins radicaux. Peut-être même n'est-elle pas insensible au charme de l'un d'eux... Ce qui ne fait qu'irriter Axelle plus encore. Celle-ci aura de multiples autres occasions d'énervement. Car en s'impliquant, à la place de sa sœur dans ses activités associatives, Clara va découvrir une réalité peu reluisante - un nouveau sujet de conflit entre les jeunes femmes.

Caricaturale en apparence, l'opposition entre Flipette et Vénère, hystérisée par des cadrages multiples et un travail de la couleur à base de grands aplats de teintes pop légèrement assourdies, permet avant tout à Lucrèce Andreae, 31 ans, venue du monde de l'animation, de dresser le tableau d'une génération de jeunes femmes. Les deux sœurs incarnent les deux faces d'une même incertitude de soi devant l'existence dans un monde angoissant.