Cet album cultive l'ellipse qui est toujours le signe de la poésie. Au fil des pages, deux voix se répondent, mais on ne sait à qui elles appartiennent. La première martèle inlassablement la même question : « Quand Hadda reviendra-t-elle ? » et la seconde, évasive et fantomatique, infiniment rassurante, répond et fait toujours mine d'être là, alors que de toute évidence elle est absente, et peut-être même définitivement absente de ce monde, on ne sait pas. Seules sont pointées les traces qu'elle a laissées derrière elle. L'enfant n'a rien à craindre, la présence bienveillante de Hadda l'accompagne. Ici, un rideau de tulle blanc gonflé par le vent effleure de belles dalles colorées. À la question « Quand Hadda reviendra-t-elle ? », la voix répond : « Écoute, mon bonhomme, tu as mon pays tout entier. »
Là, sur la table du salon où traînent quelques jouets et un journal, à la question récurrente, la voix murmure : « Mais je suis là, mon garçon, je sais, tu verras loin. » Sur le canapé du salon près du chat et de la tablette, et non loin des jeux de société éparpillés, elle profère ces mots rassérénants : « Mais je suis là, mon amour, vois, tu as ma douceur. » On comprend vite que Hadda est partout dans la maison du petit garçon, sur le balcon parmi les plantes, au milieu des photos de famille épinglées au mur, derrière le linge qui sèche sur la terrasse. Partout. C'est avec la voix la plus délicate qui soit, celle de l'allusion et de la litote qu'Anne Herbauts parle aux enfants des disparus qui ne disparaissent jamais vraiment.
Quand Hadda reviendra-t-elle ?
Casterman
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 15,90 € ; 32 p.
ISBN: 9782203222687