On peut avoir rêvé toute son enfance de travailler à l'Office national des forêts, évolué douze ans au marketing d'Hachette Livre... Et finalement réussir à concilier goût du livre et intérêt pour la planète. Depuis deux ans avec La Touche Verte, Antoinette Rouverand aide les entreprises à prendre le chemin de l'écologie : « Après avoir été directrice marketing chez Hachette Romans et chez Lattès, j'ai mis un premier pied dans le monde du développement durable en devenant animatrice du réseau de crèches écoresponsables Écolo crèche. » L'entrepreneuse se souvient de ce poste de terrain comme d'un moment « magique » dans sa carrière. « En 2019, j'étais mûre pour me lancer à mon compte, et j'ai naturellement sollicité mon réseau dans l'édition. »
La plateforme d'avis de lecteurs Babelio, l'éditeur de manga Ki-oon, sont les premiers à avoir fait confiance à la « méthode » d'Antoinette Rouverand : fédérer les équipes autour d'une série d'écogestes adaptés aux spécificités de leur profession, qui vont d'un meilleur choix de fournitures à l'archivage des e-mails, en passant par la question parfois crispante du chauffage dans les locaux. « Avec les maisons d'édition, je n'arrive pas comme le consultant qui ne connaît rien à leur métier », note Antoinette Rouverand, qui a aussi constitué autour d'elle un réseau de professionnels pour aborder des problématiques ciblées, comme les déchets industriels ou l'isolation des bâtiments.
Si la crise sanitaire a porté un coup à l'aventure naissante de La Touche Verte, l'activité de l'entreprise se consolide lentement mais sûrement. Outre des missions pour le ministère de la Transition écologique, une banque, un concessionnaire automobile ou une base de loisirs en Île-de-France, Antoinette Rouverand a rédigé le rapport RSE d'Editis et mené un audit sur le tri des déchets de bureau, avant de poursuivre sa mission sur les sites d'Interforum, à Ivry et Malesherbes.
"Débranche"
À côté de ce qui peut être fait au niveau industriel dans la chaîne du livre, les écogestes du quotidien ont certes un impact limité, « mais c'est une question de cohérence, et les gens ont parfois besoin d'une simple impulsion ». La directrice générale d'HarperCollins, Emmanuelle Bucco-Cancès, avait déjà eu l'envie de monter des projets écolos sans pour autant les concrétiser. Accompagnés par La Touche Verte, les salariés ont constitué une équipe de sept volontaires pour faire bouger les choses. « Nous avons défini le nom, la fréquence des réunions, la gouvernance tournante, et j'ai envoyé un questionnaire sur les usages des employés à partir duquel nous avons établi un plan d'action », énumère la consultante, impressionnée par la créativité des « Harper Greeners ».
Alexane Lepoan, assistante éditoriale qui était à la tête du groupe en novembre, a particulièrement apprécié « le cadre » apporté par Antoinette Rouverand, l'aide sur les brainstormings, et les conseils pour faire passer les messages sans être moralisateurs, « comme le fait de mettre en place de petits défis et de les répéter, au lieu d'en créer 50 nouveaux chaque mois ».
Après un thème « alléger ses mails », un challenge « débranche tout », ou une newsletter sur les façons de réduire le pilon en interne, l'équipe Harper Green a commencé l'achat de gourdes et mugs fabriqués en France, et prévoyait d'organiser un premier café écolo dans les locaux fin novembre. Une première graine qui fera pousser d'autres grandes idées, espère Antoinette Rouverand, qui souhaite transformer le coaching initial en accompagnement sur le long terme, avec HarperCollins et ses futurs clients.