L'écrivain espagnol Antonio Muñoz Molina, auteur de Pleine lune, Un hiver à Lisbonne ou Séfarade, a été désigné lauréat mercredi du prix Prince des Asturies des Lettres, dont le jury a salué "sa condition d'intellectuel engagé dans son temps".
Son éditeur français, Le Seuil, publiera son prochain essai, Tout ce que l'on croyait solide, le 26 septembre. Il s'agit d'un réquisitoire contre la grave crise économique, politique et morale due à l'idéologie ultra libérale des dirigeants, que traverse l'Europe et plus particulièrement l'Espagne et plaidoyer pour préserver les fondements de la démocratie.
Le jury du prix a voulu récompenser le romancier qui, avec "profondeur et brio", a raconté "des épisodes significatifs de la vie de son pays". Antonio Muñoz Molina devient ainsi le premier écrivain de langue espagnole depuis 2000 à être choisi pour ce prix, qui était revenu en 2012 à l'Américain Philip Roth.
Son oeuvre "assume admirablement la condition de l'intellectuel engagé dans son temps", a poursuivi le jury.
Né à Ubeda, en Andalousie, en 1956, Muñoz Molina, ancien directeur de l'Institut Cervantes de New York et membre de l'Académie royale de la langue espagnole depuis 1995, a commencé sa carrière comme éditorialiste dans un journal local, le Diario de Granada.
Au début de cette année, Antonio Muñoz Molina avait été au centre d'une polémique lorsqu'un groupe d'intellectuels, dont l'essayiste français Stéphane Hessel, l'écrivain britannique John Berger et le cinéaste Ken Loach, l'avaient appelé à refuser une invitation à se rendre en Israël pour recevoir le Prix du salon du livre de Jérusalem.
"Israël est un pays pluriel, que je sache, de la même façon qu'il y a des gens très réactionnaires et intégristes, il y a des gens progressistes très critiques contre l'occupation des territoires, des gens qui à l'intérieur d'Israël militent pour une solution au conflit", avait-il dit alors au quotidien El Pais.
Antonio Muñoz Molina a reçu de nombreux prix littéraires. Pleine lune avait été distingué par le prix Femina étranger et le Prix Elle en 1998. Le royaume des voix avait été honoré par le Prix Planeta en 1991.