La Courneuve

Depuis octobre 2016, les médiathèques de La Courneuve (93), accueillent chaque vendredi après-midi une douzaine d’élèves du collège Jean-Vilar et deux de leurs enseignants pour des séances intitulées l’Atelier du livre. Ces rendez-vous s’adressent à des collégiens en situation de rupture avec les cours en raison d’un comportement perturbateur ou de difficultés d’apprentissage. Ils constituent l’une des briques du dispositif global "Image de soi, portraits des autres", mis en place à partir de 2011 par Cyril Achard, professeur d’histoire-géographie.

L’objectif du jeune enseignant est de "lutter contre l’illettrisme par une pédagogie du détour qui place la maîtrise de la langue au cœur des activités, et de redonner l’envie de lire et d’écrire à ces jeunes chez qui l’effort de la lecture n’existe plus". Les élèves repérés par l’équipe pédagogique sont invités à suivre au collège l’Atelier cinéma, et, hors les murs, les ateliers artistiques à la Maison pour tous Youri-Gagarine et l’Atelier du livre en bibliothèque. A la médiathèque Aimé-Césaire, les séances commencent par le travail autour d’un livre, récemment Cris de Laurent Gaudé (Actes Sud), dans lequel l’enseignant propose d’entrer par des moyens détournés : dictée d’un extrait, lecture à voix haute, discussion. Elles se poursuivent avec l’intervention des bibliothécaires qui proposent des ressources en lien avec la thématique ou une chasse au trésor pour découvrir les espaces de la bibliothèque.

Pour les bibliothécaires, gérer ces jeunes en rupture, souvent agités et ayant l’insulte facile, n’a pas été simple. "Nous avons dû rééquilibrer la composition du groupe entre les élèves ayant du mal à apprendre mais ne posant pas de problème de comportement, et les perturbateurs, reconnaît Cyril Achard. C’est un parcours lent, où tout le monde doit accepter de se mettre en difficulté." Les progrès enregistrés viennent récompenser ces efforts. "Les relations avec certains de ces collégiens dont le comportement était problématique se sont apaisées", note Noémie Szejnman, responsable de la médiathèque Aimé Césaire. Cyril Achard, de son côté, se réjouit de constater que, grâce à ce dispositif de prévention, le nombre d’exclus définitifs de son collège a pu être considérablement limité. "Les collégiens ayant des difficultés d’apprentissage font des progrès rapides car ils sont accompagnés, note l’enseignant. Pour tous, nous espérons que ces ateliers les conduiront à acquérir le réflexe de fréquenter les lieux culturels."

Véronique Heurtematte

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