Après un premier roman sur le milieu de l'art, Les désœuvrés (Seuil, 2015), une sotie sur une sorte de Villa Médicis, Aram Kebabdjian s'attaque à la justice et à son personnel. Fils d'un riche chapelier, « associé à un homme au pouvoir trouble », Sigmund Oropa, 17 ans, décide de racheter l'opprobre atavique en embrassant une carrière de juriste. Il devient magistrat, mais en lieu et place d'un poste prestigieux qui lui eût permis de rendre des jugements de Salomon, le voilà nommé dans un service juridique de l'Union européenne, l'office des fraudes, dont l'impartialité ressemble à de l'indifférence... à la corruption. Il enquête sur un détournement de fonds destinés aux camps de réfugiés. Lorsqu'il présente l'affaire à ses collègues, son rapport accroche leur attention comme l'eau sur les plumes d'un canard. Leur silence est une humiliation. Une de plus.
L'auteur bâtit le parcours du protagoniste tel un château de cartes, chacune desquelles est un chapitre du roman. Oropa, dans sa course aux honneurs doublé d'un désir de réparation de sa blessure narcissique, est pris dans un réseau de relations complexe : une délatrice turque prête à lui révéler les dessous du scandale des camps ; un duo de cadres de l'office des fraudes, véritables Bouvard et Pécuchet de l'impéritie bureaucratique ; un grand amour revenu d'entre les spectres du passé... Aram Kebabdjian nous entraîne dans les méandres de la conscience de son héros, alliant l'art du portrait à celui du suspense.
L'hymne à la joie
Éditions du faubourg
Tirage: 1 800 ex.
Prix: 18 € ; 250 p.
ISBN: 9782491241735