L'éditeur Arconsil, qui publie une série de romans sous sa marque Le léopard démasqué, Les aventures de Saint-Tin, librement inspirées de celles du héros de BD Tintin, a été condamné jeudi à verser 40 000 euros aux ayants droit d'Hergé en réparation du préjudice économique pour parasitisme par le tribunal de grande instance d'Evry.Le versement d'une telle somme pourrait entraîner la liquidation de ce petit éditeur.
La 8e chambre civile a en revanche débouté la société Moulinsart, et Fanny Rodwell, héritière d'Hergé, des poursuites pour "contrefaçon" contre l'éditeur.
Le tribunal a aussi ordonné la publication du jugement dans le magazine Livres Hebdo et dans un quotidien national. La demande d'interdiction et de commercialisation a en revanche été rejetée par le tribunal, qui a ordonné la mainlevée de la saisie du stock, qui avait été faite à la demande des plaignants.
A l'audience du 2 avril, Me Florence Watrin, avocate des plaignants, avait estimé que la série d'ouvrages, dont quatre volumes sur 23 avaient été publiés, avait "repris" et "exploité les éléments qui font la notoriété de l'oeuvre", et contrefait les titres et les personnages.
La série de romans, écrits par Gordon Zola, de son nom de plume, met en scène les aventures contemporaines du jeune reporter "Saint-Tin" et de "son ami Lou", qui n'est pas un chien mais un perroquet.
Coup éditorial ou hommage?
Dans le Crado pince fort, Le vol des 714 porcineys, L'oreille qui sait ou encore La Lotus bleue, autant de clins d'oeil appuyés aux titres des albums d'Hergé, se croisent des personnages comme le "professeur Margarine", le "Rasta populiste", ou "le capitaine Aiglefin", le haddock étant de l'églefin fumé.
Selon Me Watrin, éditeur et auteur ont voulu faire "un coup éditorial", et "se sont arrogé le droit de faire l'adaptation du maître", une démarche "d'une prétention inouïe", donnant naissance selon elle à "des ouvrages assez médiocres".
Etonnée par "l'agressivité et la méchanceté" des propos de sa consoeur, Me Bénédicte Azzopard avait défendu la démarche de l'éditeur, qui voulait selon elle "rendre hommage à Hergé, mais aussi à ses précurseurs", citant Rouletabille, dont le créateur de Tintin se serait inspiré.
Cinq autres romans doivent paraître dans les prochains mois : Saint-Tin au gibet, Les toiles mystérieuses, L'ire noire, Le secret d'Eulalie Corne, Le 13 heures réclame le rouge. Cependant, l'éditeur craint de se faire attaquer pour "parasitisme" à chaque parution. Il est en discussion avec ses avocats pour faire appel à cette décision de justice.