L'écrivain tchèque Arnošt Lustig est mort à Prague samedi 26 février, indique dans un communiqué Emmanuelle Collas, la directrice de Galaade. « Si son oeuvre est comparée ailleurs à celles d'Elie Wiesel et de Primo Levi, elle est malheureusement peu connue en France », déplore celle qui a édité, en septembre 2010, son unique livre disponible en langue française, Elle avait les yeux verts, traduit du tchèque par Erika Abrams.

Lauréat du National Jewish Book Award en 1980 et en 1986, sélectionné pour le Pulitzer en 2003 et pour le Man Booker Prize en 2009, Arnošt Lustig avait reçu le prix Franz Kafka en 2008. Elle avait les yeux verts raconte l'histoire d'Hanka, une adolescente aux yeux verts de 15 ans qui décide d'intègrer une maison close réservée aux militaires pour échapper au sort de sa famille, exterminée à Auschwitz.

L'écrivain tchèque s'inspira ici de sa propre histoire de survivant des camps de la mort — Terezin, Buchenwald et Auschwitz —, d'où il prit la fuite à l'occasion d'un transport de prisonniers en mars 1945 pour regagner Prague, où il se cacha jusqu'à la Libération.

Les femmes ont par ailleurs inspiré l'écrivain dans ses nombreux contes, nouvelles et romans : elles « donnent la vie et se sacrifient pour elle », elles ont «ce quelque chose qui fait vivre les poètes », rappelle le communiqué de Galaade, citant l'écrivain décédé à 84 ans.

Doté d'un optimisme à toute épreuve, Arnošt Lustig considérait l'homme comme « un ressort qui arrive toujours et toujours à se déplier ». Cela « le distingue de tous les écrivains qui ont pu écrire sur la Shoah », conclut Emmanuelle Collas.